EP13 - Le métier de médecin urgentiste

Le métier de médecin urgentiste – avec FX Moronval

Le métier de médecin urgentistes avec FX Moronval
Le métier de médecin urgentistes avec FX Moronval

« Alors que nous euh sur les urgences, les urgences vitales ça ne représente qu’une faible partie quand même des urgences.
Ça fait partie du métier, mais ce n’est pas la grande majorité.
On est sur du tout venant, et on est surtout euh sur de l’aide euh aux patients, et en fait on passe de l’altération de l’état général euh à la petite bobologie aux choses plus graves.
En gros, on ne sait pas vraiment comment se passe la journée.
On sait que c’est un métier qui est difficile et qui est pénible… »

Musique

Bonjour et bienvenue dans le podcast Santé & Sécurité.

Dans cet épisode nous avons un entretien avec un professionnel venu nous présenter son métier.

C’est le premier épisode avec ce type d’entretien ou l’on vous présente un métier de la Santé et de la Sécurité. On espère cette année vous proposer d’autres portraits comme celui-là.

Et pour cette première, nous recevons le docteur François-Xavier MORONVAL, médecin urgentiste à l’hôpital d’Epinal et au SAMU 88.

A travers son portrait, vous allez en apprendre davantage sur le métier de médecin urgentiste, mais aussi sur le fonctionnement d’un service d’urgence, et du SAMU.

Je vous souhaite une belle écoute.

Fin musique

Sébastien: Bonjour FX, merci d’être venu au micro du podcast Santé et Sécurité pour nous parler de ton métier, celui de médecin urgentiste.
Alors évidemment j’ai tout plein de questions à te poser, mais avant ca, est ce que tu pourrais te présenter pour nos auditeurs?

FX MORONVAL : Alors euh bonjour à tous. Alors euh oui je suis médecin urgentiste depuis presque 10 ans maintenant, principalement à l’hôpital d’Epinal. Et euh j’ai une activité assez variée puisque je travaille aux urgences, je fais des interventions en dehors de l’hôpital au SAMU, je travail également au centre 15 de régulation médicale, et j’ai une activité de spécialiste en médecine de catastrophe, et euh un petit peu, quelques notions d’hypnose, et pour finir, responsable aussi du CESU qui est l’école du SAMU. Donc ça fait pas mal de choses.

Musique transition

Sébastien : Alors quand on évoque le métier d’ urgentiste, on pense souvent à la série Urgence pour les plus vieux, ou pour les plus jeunes encore à la série Grey’s Anatomy. La réalité, ce n’est pas toujours ce qu’on nous montre dans les fictions.
Est ce que tu peux nous expliquer ce qu’est le métier de médecin urgentiste aujourd’hui en 2022 en France?

FX MORONVAL : Alors le métier d‘urgentiste euh en effet sur le, les séries médicales on est sur quelque chose de très euh bah faut faire de l’audience donc on est dans l’action, très régulièrement on est sur de l’urgence vitale, alors que nous sur les urgences, les urgences vitales ca ne représente qu’une faible partie quand même des urgences. Ça fait partie du métier mais euh c’est pas la grand majorité. On est sur du tout venant ou on est surtout euh sur de l’aide au patient. Donc en fait on passe de, de l’altération de l’état général depuis des semaines à la petite bobologie, aux choses plus graves. Et euh en gros on ne sait pas vraiment comment se passe la journée, mais euh, mais c’est souvent quelque chose d’assez varié, et euh… enfin voilà, voilà plusieurs aspects. Et pour moi un élément qui est assez important c’est la diversité. On essaie de mettre ça de plus en plus en avant. Euh de ne pas être cantonné dans une seule activité aux urgences, mais euh de, de faire les choses de façon assez variée.

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Sébastien : D’accord, du coup est ce que tu pourrais nous raconter comment ça se passe une journée de travail dans le costume d’un médecin urgentiste qui travaille donc dans un service d’urgences à l’hôpital?

FX MORONVAL : Alors souvent le matin, lorsqu’on arrive, c’est les transmissions.Parce que souvent, bien sûr, il y a souvent des patients dont il faut reprendre en fait les dossiers médicaux, des dossiers qui sont toujours en cours. Donc on a des transmissions souvent entre les équipes de nuit qui viennent de terminer la nuit, alors parfois la nuit blanche c’est difficile, et au petit matin donc, on commence par faire cette transmission de patient. Et après et bah on va se répartir entre nous un peu les patients. L’objectif c’est d’essayer d’avoir une charge de travail un peu équivalente entre les différents médecins. Euh sachant que dans les urgences il y a différentes filières. C’est à dire qu’il y a des filières ce qu’on appelle des filières courtes, c’est plus de la traumatologie, des choses qui sont censées être vues assez rapide. Euh de la filière longue c’est lorsqu’on a de la, de la, des soins un peu plus, qui nécessitent un peu plus d’examens, voir des hospitalisations. Comme par exemple des douleurs abdominales, ou des douleurs thoraciques. Et on a la filière euh déchocage ou on a ce que je parlais tout à l’heure des urgences vitales. Après on a d’autres filières spécifiques comme par exemple des filières spécifiques pour les AVC euh ou on sait que la prise en charge doit être la plus rapide possible. Donc on a des filières spécifiques pour ne pas avoir de pertes de chance pour les patients. On a des filières de traumatologies, de douleurs thoraciques. Mais bon voilà donc en fait on a des activités qui sont assez variées. Et dans la journée et bah on voit les patients les uns après les autres, sachant qu’on doit voir et les nouveaux patients qui doivent arriver de la journée même, mais également reprendre en charge les patients de la nuit qu’on a nous a transmis, ou il faut souvent leur trouver des places d’hospitalisation euh dans l’hôpital ou dans une prise en charge spécifique. Et euh voilà. Alors après bien sûr on est des êtres humains, donc on, on est censé manger quand même (rire) pendant la journée. Donc on prend quand même des temps de pause de repas, qui sont souvent quand même assez brèves. Souvent c’est moins d’une demi-heure, et souvent ce qu’on fait c’est qu’on est obligé de se relayer, c’est à dire qu’on se réparti euh au niveau médical pour ne pas tous manger en même temps, pour qu’il y ait quand même une continuité au niveau des prises en charge. Donc voilà. Et donc la journée s’enchaîne assez rapidement, avec en gros, on sait qu’on est prêt à recevoir euh tout et n’importe quoi et qu’il peut se passer… on est prêt à tout en fait. Vraiment c’est la, une capacité des urgentistes, c’est d’avoir cette adaptabilité à pouvoir euh répondre euh à tout. Et donc normalement la journée se termine, bah nous à 18h30, après c’est l’équipe de nuit qui prend le relais, sachant que c’est rare qu’on termine vraiment à l’heure, parce que des fois on a patients, des prises en charges qui ne sont pas terminées, ou des fois ce sont des interventions en dehors de l’hôpital. Par exemple, j’en sais rien, un accident de moto ou euh qui se passe à 30 kilomètres de l’hôpital et on part en intervention à 18h et quart et on sait très bien qu’on ne sera pas rentré à 18h30. Donc on a des fois des journées qui sont un peu plus longues.

Sébastien ; Donc en fait vous travaillez par période de 12h c’est ça?

FX MORONVAL : Alors en théorie euh… Nous c’est euh des journées de 10h. Donc euh de 8h30 le matin à 18h30 le soir. Et la nuit c’est 14h, c’est un peu plus long la nuit, mais en fait euh la nuit commence à 18h30 parce qu’on s’est calé nous sur les rythmes des infirmières pour avoir des rotations médecins infirmières pour euh avoir un peu une coordination au niveau des transmissions dans les soins des patients.

Sébastien : D’accord et un service d’urgence comme celui dans lequel tu travailles, un médecin voit combien de patient sur sa période de travail environ? Vous avez des stat la dessus?

FX MORONVAL : euh alors j’ai pas les chiffres en tête, mais c’est assez variable euh mais en moyenne c’est une trentaine de patients, 20 à 30 patients par jour, sachant que ca peut être euh, c’est variable parce que ca peut etre beaucoup plus quand on fait de la filière courte, ou donc ca va aller très vite, on peut enchaîner beaucoup de patients en même temps. Et ca peut à la fois être beaucoup moins si par exemple on est sur un gros déchocage avec un patient ou deux, même juste deux patients très lourds à gérer ca peut m’arriver une fois d’avoir juste eu 2 ou 3 patients à prendre, des cas très graves, avec par exemple des enfants qu’il faut équiper euh complètement et ou ca peut prendre énormément de temps. Donc c’est assez variable en fait.

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Sébastien : FX, merci pour tes réponses. Donc tu l’as évoqué un petit peu, un médecin urgentiste peut aussi travailler dans un SAMU comme médecin intervenant, donc à l’extérieur tu en as parlé, ou comme euh médecin régulateur. Comment ça se passe la transition entre ton service euh enfin ton emploi dans le service d’urgence et ton emploi au SAMU ? Est ce que c’est quelque chose qui est totalement, enfin euh, la barrière est transparente, ou est ce qu’il y a des gardes comme tu l’as évoqué en unité courte, en déchocage… Est ce que le matin quand vous arrivez on dira toi tu seras en filière courte, toi tu seras en filière longue, toi tu seras au SAMU. Comment ça se passe cette différenciation?

FX MORONVAL : Alors exactement euh on a en fait euh … on a des postes spécifiques. C’est à dire que on sait lorsqu’on arrive le matin, on sait que tel médecin est fléché sur le déchocage, tel médecin est fléché sur la filière courte, tel médecin est fléché sur les urgences, et tel médecin est fléché sur le SAMU. Euh parce que nous euh le SAMU n’est pas situé dans les urgences, on est à moins de 10 km de l’hôpital, on est, on en reparlera après je pense, on est sur une plateforme commune avec les pompiers. Euh, donc nous l’activité SAMU, donc de régulation au téléphone, c’est une activité qui est différente des urgences, et on est obligé en fait d’avoir cette pré répartition à l’avance, parce qu’en fait entre urgentistes, on est pas tous polyvalents. C’est à dire que moi je fais parti des médecins qui font toutes les activités, mais j’ai certains de mes confrères par exemple qui ne font pas du tout de médecine de régulation au téléphone parce que c’est une activité à laquelle ils ne se sentent pas, ils ne se sentent pas à l’aise et c’est quelque chose qu’ils n’apprécient pas particulièrement. Ce que je peux comprendre car c’est quelque chose qui est, c’est une activité qui est vraiment à part entière. Et euh d’un autre coté on a également d’autres collègues euh c’est plus rare, mais certains qui font beaucoup euh d’appels au SAMU et qui sont un peu moins présents au niveau des urgences. Et ça en fait c’est quelque chose auquel on essaie actuellement de, de plutôt de lutter dans le sens ou on essaie que les médecins urgentistes soient le plus diversifiés aujourd’hui et fassent toutes les activités. Parce que, ca c’est un de mes avis personnels, mais c’est, on sait que c’est un métier qui est difficile et qui est pénible, et le fait d’avoir quelque chose de diversifié, pour moi ca permet d’augmenter la durée de vie on va dire d’un urgentiste euh en variant les plaisirs.
Donc voila. Euh. Après lorsqu’on est euh, au, au centre 15, donc au SAMU et bah en fait la journée, on a pas le choix en fait, on prend les appels les uns après les autres. Donc nous dans les Vosges il n’y a qu’un seul médecin régulateur, dans d’autre départements, il peut y avoir plusieurs médecins. Souvent un médecin plus expérimenté et un plus jeune récupère les conseils de son confrère. Donc la dans les Vosges on est tout seul, et donc on enchaine les appels les uns après les autres. Et la contrairement à ce que je disais tout à l’heure, et bien c’est difficile d’aller faire une pause repas pendant 30 minutes et dire bon bah je vais manger et pis les gens attendront, et donc la bah on est obligé de manger devant son poste. Donc c’est un peu particulier, car on prend quelques secondes pour aller se couler un café ou prendre un plateau repas, et on mange devant le poste. Et pareil lorsqu’on va aux toilettes par exemple c’est souvent assez bref, mais bon , ca fait parti du rythme un petit peu qu’on s’habitue…

Sébastien : et la aussi vous y travaillez sur des périodes de 12h ?

FX MORONVAL : Et on est calé sur les mêmes horaires en fait. C’est euh comme aux urgences. C’est euh on essaie de… sinon ca aurait été trop compliqué pour les relèves. Donc c’est de 08h30 à 18h30, c’est exactement le même principe. Après euh une autre euh… un élément dont on a pas encore parlé c’est que certains d’entre nous font des journées de 24h. Euh certains veulent travailler… donc ça fait débat mais… Certains médecins ne veulent travailler que en 24h et d’autres refusent. Et d’autres alternent un petit peu entre les différentes plages. Et on peut très bien par exemple euh comme ça m’est arrivé pas plus tard que hier ou j’étais posté la journée au SAMU et le soir aux urgences. Et en fait c’est un de mes confrères qui était aux urgences, qui est venu me relever aux SAMU, et moi qui après ai repris sa place aux urgences. Donc en fait on change de poste en fait pendant la journée.

Sébastien : Ah oui quand même, parce que, mais même à 12h, sans aller jusqu’aux 24h, tu peux passer 12h complètement au téléphone sans, sans t’arrêter en fait.

FX MORONVAL : Oui c’est ça. Après c’est pas au téléphone non stop non plus, on va dire qu’il y a quand même des petites périodes ou euh il y a un petit peu moins d’activité téléphonique, mais euh… mais on peut sur certaines journées très chargées ou on a énormément d’appels, en effet on peut passer euh 10h, euh voir 14h euh oui non stop au téléphone. On arrive à prendre quelques petites pauses quand même, mais c’est assez bref. Mais euh… mais bon. Après c’est vrai que, on s’habitue en fait après.

Musique transition

13:18

Sébastien : Alors FX tu travailles au sein du SAMU des Vosges, et la particularité de ce département c’est que vous êtes un des rares à avoir réuni sur une même plateforme le 18, le 15 et le 112. Et récemment le député MATRAS a fait promulguer une loi qui porte son nom, qui prévoit la mise en place du numéro unique d’urgence pour la France. Et cette question du numéro unique a refait surgir cette fameuse guéguerre blanc rouge ou samu pompier. Et du coup j’avais envie d’aborder ce sujet avec toi. D’abord, est ce que tu peux nous dire depuis combien de temps cette plateforme unique 18-15-112 existe-t-elle dans les Vosges?

FX MORONVAL : Alors nous la plateforme elle existe dans les Vosges officiellement depuis 2018. En fait on a un peu une particularité dans les VOsges c’est qu’en fait avant cette plateforme unique, le SAMU était déjà situé dans les mêmes locaux euh que le SDIS, donc le centre d’appels des pompiers. On était situé dans la, on était juste dans la pièce d’à côté. C’est à dire que on avait euh on a juste une vitre en fait qui nous séparait, qui pouvait être ouverte, une baie vitrée qui pouvait être ouverte en fait en cas de catastrophe ou de gros événements. Mais on avait déjà des équipes qui se connaissaient déjà, notamment les ARM – les Assistants de Régulation Médicaux du SAMU et les opérateurs pompiers. Donc c’est des équipes qui se connaissaient déjà et qui en fait il y a eu énormément de réunions de travail auxquelles moi je n’ai pas vraiment participé parce que j’avais d’autres projets à l’époque et notamment le CESU j’en parlais tout à l’heure. Mais euh il y a un énormément de réunions de travail euh pour organiser cette plateforme qui donc euh a vu le jour en 2018, au mois de juin, et qui du coup est toujours opérationnelle la maintenant depuis 4 ans. Et donc maintenant dans les Vosges, et bien que les gens fassent le 18, le 15 ou le 112, l’appel aboutit sur le même poste, le même ordinateur, le même téléphone, et qui atterrit en fait de façon ce qu’on appel nous le front. Et en fait au niveau de ce front il y a une prise d’appels en alternance soit par une personne du SAMU donc une ARM soit un opérateur pompier. Donc ce sont des appels qui se font en alternance et les ARM décrochent aussi éventuellement des feux si ça tombe sur eux à ce moment-là, c’est en fait un appel sur 2.

15:42

Sébastien : Ah oui d’accord, c’est pas, euh il n’y a pas d’appel différencié en fait. Il y a certaines plateformes mixtes en France ou quand tu fais le 18 tu tombes sur un opérateur pompier, quand tu fais le 15, tu tombes sur un ou une ARM. Euh, mais ils sont physiquement au même endroit. La non. Les deux appels sont, sont pas différenciés en fait.

FX MORONVAL : Non, les appels ne sont pas différenciés. Les… En fait le front c’est deux personnes qui sont assises euh, qui sont l’un à côté de l’autre. C’est deux postes l’un à côté de l’autre qui prennent les renseignements, et après en fonction de la, du motif d’appel, si c’est un problème de feu aux pompiers et bien ca passe au back 18, et si c’est un problème, bah médicale, ca passe au back 15. Ou habituellement les appels et bah arrivent sur moi donc.. .euh souvent ça passe du front office au médecin régulateur. Ce qui permet d’avoir euh.. par exemple quelqu’un qui va faire le 18 pour un accident de la route, les pompiers vont être engagés et après moi je vais recevoir directement l’appel. Et si c’est un problème médical, de la même façon, un problème de fièvre, et bah ca va arriver sur… que les gens fassent le 15 ou le 18 ca va arriver sur une seule personne et après la deuxième personne qu’ils auront au téléphone ce sera le, euh le médecin régulateur. Et en cas de débordement, c’est à dire si on a trop d’appels, à côté de moi il y a un, deux autres assistants de régulation qui prennent euh, qui prennent en fait les autres appels, et qui euh après me repassent les appels éventuellement si il y a besoin d’un avis médical complémentaire. Et lorsque que les…. Lorsque les pompiers ont fait leur intervention et qu’ils doivent passer le bilan, ou les ambulanciers, il y a un numéro spécifique en fait euh qu’ils appellent. Donc ils ne repassent pas par le front en fait comme les gens habituellement font le 15 ou le 18. Il y a un numéro à 10 chiffres qui passe par ce numéro la, et en fait ils vont avoir donc euh l’assistante de régulation qui prend tous les bilans, donc pompiers, ambulances, et qui après me transmet éventuellement si besoin pour la suite de la régulation.

Sébastien : Donc juste pour euh, pour clarifier en fait. Pour ceux qui ne le savent pas, lorsque vous voyez les pompiers ou les ambulanciers privés intervenir euh voilà intervenir, eux systématiquement ils doivent rendre compte au médecin régulateur de la plateforme du SAMU pour, euh bah pour rendre compte de leur bilan voilà pour reprendre ton terme.

FX MORONVAL : oui souvent, souvent c’est la destination quoi, savoir vers quel hôpital on va, et puis ma mission en fait c’est que les gens soient orientés vers le bon plateau technique.

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18:12

Sébastien : Alors du coup, quel est ton retour d’expérience à toi sur cette plateforme unique ? Est ce que a ton sens et de ton point de vue de médecin régulateur évidemment, est ce que ca rend la gestion des secours plus performante? Est ce que permet une régulation médicale plus performante, ou est ce que à l’inverse cette réunion de ces différents numéros, donc le 15, le 18 et le 112, est ce que au contraire ça complique les choses ?

FX MORONVAL : Alors moi euh en fait euh… j’ai une expérience qui était très faible, vu que comme je l’ai expliqué tout à l’heure on était situé dans les deux pièces à coté, on avait déjà presque plus ou moins été dans ce mode de fonctionnement, même si c’est un petit peu plus optimisé maintenant. Et selon moi, euh en effet ca permet d’avoir un peu moins d’interlocuteurs, lorsque les gens appellent ils ont un petit peu moins à répéter euh 3 fois ou 4 fois la même chose. Là ils ont euh la première personne au téléphone il vont donner les renseignements et après la deuxième personne et bien ce sera le médecin qu’ils auront, donc souvent ça permet de simplifier. Et euh, il y a quelque chose d’assez intéressant, donc c’est tous les départs réflexes qui ont été mis. C’est à dire que dès le front, dès l’appel en fait, la première personne qu’ils ont au téléphone, ils peuvent engager des, des pompiers sur une urgence vitale, et dans un deuxième temps quand on me passe l’appel, et bien ca arrive de temps en temps que les pompiers sont déjà en route, ce qui permet de passer le message aux gens que les pompiers sont déjà en route et que, et que maintenant que, parce que le stress des gens c’est souvent d’avoir des moyens, ce que je comprends, d’avoir des secours le plus vite possible, donc la je leur fait passer le message que les secours sont en route, donc euh, voilà les secours arrivent et que entre temps moi j’ai besoin d’avoir plus d’informations pour savoir si j’ai besoin d’en plus d’envoyer un médecin tout de suite parce que on a des capacité médicales qui ne sont pas illimitées dans les Vosges donc euh on a absolument besoin d’avoir une estimation de la gravité dans la gravité quoi.

20 : 17

Sébastien : D’accord j’allais justement te demander de décrire comment se passait un appel au 15, mais du coup tu viens de le faire finalement. Donc quand on appel le 15, il y a une prise d’appel si j’ai bien compris par l’ARM – l’assistant de régulation médical, ou l’opérateur pompier, qui va saisir l’adresse, le motif de la demande de secours, il va engager des secours réflexes si euh bah si c’est nécessaire et dans un deuxième temps il transférera l’appel au médecin régulateur qui lui affinera le process de secours si j’ai bien compris.

FX MORONVAL : C’est ça. Souvent on me dit des fois bon bah voila je te passe monsieur untel qui est à telle adresse, et puis après on m’explique en deux mots succinctement ce qui se passe, on va me dire bon bah voila il a mal au ventre depuis 3 jours, et souvent ils me disent je n’ai rien engagé, je n’ai rien engagé ca veut dire qu’il n’y a rien qui est parti, et quelqu’un qui a mal au ventre depuis 3 jours, et bien c’est ma mission après d’aller poser des questions et d’alleur euh rechercher des éléments de gravité , pour savoir si cette personne la, est ce que elle a mal au ventre depuis 3 jours mais il pourrait éventuellement juste voir son médecin traitant dans la journée et ce serait suffisant, euh est ce que euh il y a des éléments qui m’inquiètent un petit peu et dans ce cas la il va falloir s’il n’arrive pas à se déplacer que je lui envoie une ambulance pour que je l’envoie à l’hôpital, et dans quel hôpital aussi parce que si je pense à un problème par exemple euh chirurgical et que je pense qu’il va falloir lui faire un scanner, il y a certains hôpitaux qui n’ont pas de scanner, donc il va falloir que je le dirige vers un hôpital qui a un scanner, par ce que ca ne sert à rien que je le dirige sur un hôpital ou on ne peut pas faire de scanner. Et si j’ai des éléments encore plus graves, par exemple j’ai une suspicion de, d’aorte qui est en train de se déchirer, qui est en train de se disséquer, et bah là euh je peux engager des pompiers dans un deuxième temps.
Et si dés l’appel euh il y a déjà des signes de gravité, par exemple quelqu’un qui va appeler pour euh bah son mari qui vient de s’effondrer et qui est en arrêt cardiaque, ou euh quelqu’un qui appel et qui arrive à peine à parler et qui est grande détresse respiratoire, et bah on peut faire partir les pompiers immédiatement et on me passe l’appel en me disant bah voilà j’ai déjà engagé les pompiers, je te passe le monsieur, et c’est à moi après à prendre la décision est ce que, bah oui par exemple sur un arrêt cardiaque je vais faire partir une équipe médicale en renfort tout de suite, mais si c’est pas exemple sur une crise d’épilepsie, je ne vais peut être pas faire partir tout de suite une équipe médicale, parce que si c’est quelqu’un qui fait régulièrement des crises d’épilepsie et que la il fait une crise d’épilepsie je vais peut être attendre que les pompiers arrivent sur place ou à ce moment là la crise sera peut être terminée. Donc euh voilà.

22:58

Sébastien : D’accord et cette recherche de, de gravité qu’elle soit faite par les opérateurs pompiers, les ARM ou par vous les médecins régulateurs, elle se fait fort de votre expérience et de vos formations ou est ce que vous avez une grille d’aide à la décision informatique lorsque vous saisissez la demande de secours. Enfin je rentre un peu dans les secrets du, du SAMU et de ces centres d’appels, mais comment ça se passe du coup?

FX MORONVAL : alors pour les, euh, au front, c’est, c’est des grilles, oui bah c’est des algorithmes en fait, Donc euh, il y a des questions assez précises qui sont à poser et c’est oui-non, oui-non et à la fin c’est le logiciel qui va dire envoi de moyens ou pas envoi de moyen. Et ça c’est pas au front que ça se décide, c’est en fonction des… Ca peut engager si il y a oui au bout d’un moment donc c’est un événement qui déclenche et bien ça va déclencher. Voila. Euh… Et après par contre lorsqu’on a l’appel au niveau du médecin régulateur pour l’envoi de moyen, la après c’est vraiment l’expérience du médecin régulateur. Nous, il y a des formations, il y a des DU de régulation, donc moi je n’en ai pas passé, je n’ai pas du DU de régulation, mais c’est sur de l’expérience en fait, au fur et à mesure. Et il y a beaucoup de choses… euh… en fait la régulation… c’est pour ca, ca, ca peut euh faire peur à certain médecin, parce que ca peut etre à risques. Euh parce que euh si on passe notre temps à envoyer des équipes médicales, donc des SMUR, sur toutes les interventions, et bien on va vite se retrouver sans moyens, et on va vite euh mettre un peu le bazar sur tout le département et notamment que par exemple dans les Vosges ce sont les médecins des urgences qui partent en intervention, donc ca veut dire qu’en plus de ca vous videz les services d’urgence des médecins, donc vous faites prendre des risques en plus… ça peut vite être compliqué. Et à l’inverse, si on régule trop serré, c’est à dire qu’on envoie rarement ou jamais de médecin et bien il peut avoir aussi des prises de risques pour les patients. Donc il faut avoir un petit peu le bon équilibre, et donc on peut vite des fois se retrouver sur des situations un peu compliquées des fois. Donc c’est toute la difficulté de, du métier. Et on a aussi la, euh bien sûr, la géographie à prendre en compte. C’est à dire que réguler dans les Vosges, c’est pas la même chose que réguler à Paris, c’est pas la même chose que réguler à Bordeaux ou même à Strasbourg. C’est qu’une fait on doit vraiment connaitre le département, avec le plateau technique, les hôpitaux, les distances euh.. etcetera etcetera… et tout ca, ca se fait un petit peu avec le temps et l’expérience et encore une fois on ne régule vraiment pas de la même façon sur d’un territoire à un autre…

Sébastien : et c’est là qu’on se rend compte de toute la difficulté de votre travail, et de la prise de risque que vous prenez aussi. On a en tête quelques affaires qui ont été médiatisées avec des issues dramatiques euh, à l’issue. Le rôle du médecin régulateur, et du coup on le comprend par ce que tu dis, c’est une très grande responsabilité en fait.

25 :55

FX MORONVAL : d’après oui, il y a quelque chose qui est très difficile aussi, c’est qu’en fait on a pas les gens sous les yeux, et que euh, bon ca arrive de temps en temps, mais on a des gens qui vont minimiser leurs symptômes, euh, par exemple quelqu’un qui va faire un vrai infarctus et qui va dire que juste ça picote un petit peu dans la poitrine, et à l’inverse de ça, on a des gens par exemple qui vont se blesser au niveau de doigt, qui vont dire ça saigne ça saigne en hurlant, comme si c’était une hémorragie massive. Et donc euh on peut tous se faire avoir assez facilement sur des euh, soit des exagérations d’un côté, soit des minimisations de l’autre côté. Donc c’est ça qui fait un petit peu la difficulté. Donc ça c’est quelque chose que je vois régulièrement, donc bah je le disais tout à l’heure, quand la journée je vais être au SAMU et la nuit je vais me retrouver aux urgences, et bah je vais retrouver aux urgences la nuit, les patients que j’ai eu au téléphone dans la journée. Et des fois entre ce que les gens que j’ai eu au téléphone dans la journée avec des symptômes assez spécifiques et que j’envoie avec une arrière pensée aux urgences, et que le soir quand je revois le dossier ou il en est et bah des fois c’est pas du tout le même tableau que ce que j’avais à l’appel en fait. Et ca peut arriver que malheureusement on est tous humain, et ca peut arriver que de temps en temps, meme des fois des gens mentent un peu euh… pour avoir des moyens ou pour avoir une ambulance pour aller à l’hôpital, euh en expliquant qu’ils n’ont pas de véhicule, que ca n’est pas possible d’aller à l’hôpital euh, voilà. Ca malheureusement si les gens nous disent euh j’ai mal au ventre je ne me sens pas très bien et personne ne peut m’amener, je n’ai pas de voiture, je n’ai pas d’amis etc, on ne peut pas aller vérifier meme si une personne aurait pu les amener, on peut pas….

Sébastien : oui vous êtes obligés de leur faire confiance évidemment…

FX MORONVAL : c’est ça. Et… voilà, bon je dis pas, ca arrive de temps en temps malheureusement qu’il y ait des abus quoi, voilà.

Musique transition

27 : 49

Sébastien : Ok, du coup est ce que tu peux nous dire ce que vous attendez des requérants qui vous appellent au 15 ? De quelles informations vous avez besoin pour être efficaces, et puis si tu as un conseil à donner aux auditeurs, qui, si un jour, on espère pas pour eux, mais s’ils avaient besoin du, de faire le 15, est ce que tu aurais un conseil à leur donner?

FX MORONVAL : euh… Alors nous c’est, bah essayer de garder à l’esprit que nous les gens bah on, on ne connaît pas le dossier, c’est comme si on, vous racontiez l’histoire de ce qu’il se passe à quelqu’un qui ne sait pas du tout ce qu’il se passe. Donc essayer de donner le plus d’informations possible. Et aussi essayer de garder à l’esprit que au final les gens on les a pas sous les yeux. Donc imaginez que vous appelez pour quelqu’un qui s’est blessé avec un couteau au niveau d’un bras, vous dites qu’il a une plaie. La plaie, ca peut etre une plaie de 2cm comme ca peut etre une plaie de 30cm très profonde, donc euh essayez de décrire au maximum ce que vous voyez. Et bien sûr de rester au maximum attentif aux questions que le médecin vous pose. Parce que nous bien sur, c’est, on sait que vous avez besoin de secours et nous bah vous envoyez les bons secours c’est notre métier, et on a souvent des questions qui sont assez adaptées, et on va tout de suite nous à la recherche des informations qui vont nous aider à prendre la bonne décision et vous envoyer surtout les bons moyens. Donc euh, voilà essayez de… même si c’est facile à dire, de garder la tête froide et de répondre au plus simple aux questions et de donner les informations qu’on vous demande tout simplement. Parce que voilà ça peut arriver qu’on est des… on sait très bien que quelqu’un qui est en arrêt cardiaque, bon je prends une situation extrême, mais quelqu’un qui va être en arrêt cardiaque, vous savez probablement qu’il faut débuter le massage cardiaque le plus tôt possible, et que souvent bien sur nous on fait partir les pompiers, on fait partir une équipe SMUR du SAMU, mais tant que les pompiers ne sont pas la, et bien personne ne début le massage cardiaque, a part vous qui êtes à coté. Et en fait euh, nous ce qu’on essaie de faire passer comme message à ce moment la c’est que c’est à vous de débuter le massage cardiaque et que les secours dans tous les cas arrivent, mais malgré ça on a des fois des gens qui sont un peu euh en état de choc et qui sont omnibulé à envoyez moi les secours envoyez moi les secours, et qui euh et qui n’arrivent pas à passer ce cap la, et qui euh malheureusement impossible de leur faire débuter un massage cardiaque. Euh.. voila. Mais ça c’est lié aussi en partie euh au contexte du stress aigüe qui est totalement compréhensible. Mais euh voilà donc on essaie de faire passer des messages clairs.

30 : 18

Musique transition

Sébastien : Alors aujourd’hui ce n’est un secret pour personne , on voit tous les jours des services hospitaliers et notamment des services d’urgences, fermés par manque de personnel. Notre système de santé actuel souffre d’un manque de personnel hospitalier, d’un manque de professionnels libéraux aussi, alors que la demande de soins ne cesse d’augmenter. Selon toi, est-ce que la télérégulation que vous utilisez donc au sein du SAMU 88, est utile pour limiter l’embolisation des services de secours, alors des secours de secours oui, mais surtout des services d’urgence ? Est ce que c’est un levier par exemple pour limiter le transport systématique sur un centre hospitalier, des patients, par les pompiers ou les ambulanciers, ou pour limiter aussi l’envoi d’équipes médicales, qui sont, tu l’as dit aussi, limitées en nombre?

Son pop

Avant de laisser FX répondre à cette question, peut-être devons nous expliquer ce qu’est la télérégulation. D’abord il y a plusieurs sortes de télérégulation. La première, elle se fait entre le médecin régulateur et l’appelant. Elle permet d’avoir une visioconférence ensemble via le smartphone du requérant par exemple. C’est un outil qui est en essai dans quelques départements depuis peu. Ce nouvel outil permet au médecin d’optimiser sa régulation en pouvant évaluer plus efficacement la situation du requérant grâce à la vidéo. Cela peut aussi servir pour accompagner plus facilement le requérant dans la mise en place d’un geste de premiers secours par exemple, comme un massage cardiaque.
Mais ici nous parlons de la régulation avec les services de secours et les sociétés d’ambulances. Le SAMU 88 a mis en place avec le SDIS88 et les ambulanciers du département, un logiciel commun qui permet d’optimiser la régulation des secours. Lorsqu’une équipe de pompiers ou d’ambulanciers est engagée par le SAMU sur une intervention, leur travail est de réaliser un examen secouriste de celle-ci, à l’issue duquel, ils devront réaliser une régulation. C’est-à- dire, contacter le centre 15 pour informer du bilan du patient, et à l’issue de ce bilan, le médecin régulateur décidera de l’envoi d’une équipe médicale et/ou du transport de ce patient, ou pas d’ailleurs, vers un centre hospitalier. Au travers d’une tablette, les secouristes vont pouvoir transmettre directement au médecin régulateur les données de leur moniteur multiparamétrique, comme un électro-cardiogramme. Ils pourront aussi lui transmettre les images d’une plaie,ou scanner un compte-rendu d’hospitalisation, ou d’un examen médical, ou encore d’une ordonnance.
C’est de cette télérégulation là que nous parlons ici.
Allez, je laisse la parole à FX….

Son pop

FX MORONVAL : Alors oui, en effet, ca peut avoir un impact, euh…Alors après d’après mon expérience assez minime, en tout cas sur l’entrée des patients dans les urgences, euh parce que comme je le disais tout à l’heure, nous euh, on a pas le visuel des patients, et c’est principalement sur des photos qu’on peut avoir de plaie spécifiques, que on peut se rendre compte que bah que la c’est peut être pas la peine de l’amener à l’hôpital pour une égratignure. Donc ça peut préciser un petit peu le type de prise en charge. Après pour moi ce qui est vraiment le plus intéressant je pense au niveau de la, de la télérégulation c’est surtout l’orientation des patients vers le bon hôpital. Et principalement je pense à notamment nous on a les transmissions des électrocardiogrammes, donc des enregistrements cardiaques, parce que quelqu’un qui va faire une douleur thoracique, au final la confirmation d’un diagnostic d’infarctus, ca va se faire avec cet examen la, cet électrocardiogramme. Et euh… en fait pouvoir le faire directement à domicile, ça peut nous faire euh, par une équipe pompiers ou ambulanciers, télétransmis au médecin au centre de télérégulation, et bah ca peut permettre donc de confirmer le diagnostic et donc d’envoyer une équipe médicale pour que le patient soit transporté directement dans le bon hôpital. Notamment nous dans les Vosges par exemple on a pas de, de plateau technique pour euh… prendre en charge les infarctus avec une obstruction totale, enfin où il faut faire un examen ce qu’on appelle une coronarographie, pour euh déboucher les artères coronaires du coeurs. Et cet examen la en fait il ne peut être fait que sur Nancy. Donc en fait, si on a quelqu’un par exemple qui habite dans le nord des Vosges pas très loin de Nancy, et bien ca peut valoir le coup de faire cet examen la directement à son domicile, et de confirmer le diagnostic, et ensuite de l’emmener sur Nancy plutôt que de repartir au milieu des Vosges dans un autre hôpital, et dans un deuxième temps seulement après de repartir sur Nancy, donc on perd un peu de temps. Donc ca permet de, pour moi, vraiment principalement d’optimiser la prise en charge des patients pour ca, mais aussi par exemple tout à l’heure je vous parlais des plaies, et notamment des plaies de doigts où on peut envoyer vers un centre de SOS Mains euh spécifique, euh voilà par exemple.

35 : 20

Sébastien : d’accord. Je te pose cette question parce que à ma connaissance je ne suis pas sûr que tous les SAMU de France et tous les services de secours pompiers, qui travaillent ensemble donc, utilisent ce, cette euh, ce système de télérégulation. Est ce que tu sais si ça va devenir une obligation dans le futur, ou quels sont les freins à cette utilisation, puisque tout le monde ne l’utilise apparemment pas encore ?

35 : 46

FX MORONVAL : Alors bonne question. euh… alors là du coup je n’ai pas toutes les compétences pour te répondre malheureusement précisément. Après je pense quand même que on va tendre vers ça un maximum parce que on sait que… Nous on est toujours preneur de tous les outils qui nous permettent d’améliorer la prise en charge des patients. D’autant plus maintenant, on parlait des problèmes d’effectifs et de services d’urgences qui ferment, donc on essaie vraiment d’optimiser et d’éviter d’engorger les hôpitaux, et surtout on parle de plus en plus maintenant de filières. Hein. Tout à l’heure je parlais de filière ABC, de filière infarctus, de filière trauma center, donc tout ce qui est traumatologie. Et on essaie vraiment que les patients soient orientés tout de suite vers les bonnes filières pour optimiser les prises en charge et donc ces outils là, notamment sur certaines filières spécifiques qui permettent pour le coup bah vraiment d’optimiser tout ça et donc d’avoir du gain de temps et d’éviter d’avoir euh on va dire des passages des patients d’un hôpital à un autre, jusqu’à arriver vers le bon plateau technique. Donc euh je pense qu’on va essayer de tendre vers ça.
Après les… ce qui est limitant, et bien il y a probablement un histoire de coût hein comme toujours, une histoire d’argent. Et puis après probablement aussi de, de formation après des personnels, et peut être aussi de mise en place des dispositifs, où ce n’est peut être pas tout à fait les mêmes choses sur une plateforme commune que sur des centres différents euh…et en fonction des départements aussi.

37 : 14

Sébastien : Ok et bien écoute merci pour ton point de vue FX.

Musique transition

Sébastien : Alors sur le podcast Santé et Sécurité, on parle aussi de Santé et de Sécurité au Travail. Et nos auditeurs ont souhaité te poser quelques questions à ce sujet.
La première c’est : comment en tant qu’urgentiste vous gérez les aspects santé et sécurité en intervention, donc je pense que l’auditeur parle de SMUR. Dans sa question il s’interrogeait notamment sur le risque routier, sur les prises de risque que cela peut comporter de se rendre en intervention ou de devoir transporter très rapidement un patient. Comment vous gérez cet aspect sécurité ?

37 : 51

FX MORONVAL : Et bien après nous, après en tant qu’équipe smuriste on est très dépendant aussi de, et bah on a des, bien sur on a des tenues d’intervention, enfin on a des rangers, euh… parce qu’on intervient principalement sur le bord de la route et bah on a souvent des rangers, des tenues adaptées. On a bien sûr les gilets fluo. Et puis après bah on est euh… nous en tant qu’équipe SMUR, ce n’est pas nous qui allons en fait euh baliser euh la route, mais ca se fait euh…avec les cônes euh… via les pompiers. Et puis les forces de l’ordre. Bah c’est surtout d’avoir les forces de l’ordre qui sont la euh assez vite pour réguler un petit peu la circulation autour de nous. Et puis après on essaie au maximum d’éviter les prises de risques au maximum pour les équipes. Que ce soit pour les équipes médicales et les secouristes, c’est euh au maximum malgré tout euh le patient mais aussi les équipes avant tout quoi. On essaie vraiment de se limiter et d’être assez prudent, meme si ca peut arriver, c’est déjà arriver sur des interventions qu’avec l’émotion euh ou de vouloir aller vite, on a déjà eu des fois des, des pompiers ou des infirmiers ou infirmières qui vont se blesser qui vont euh par exemple se prendre une porte dans la tête ou qui vont s’ouvrir avec un civière par exemple. Donc ça peut arriver.

39 : 04

Sébastien : Si je peux apporter de l’eau à ton moulin, est ce que vous avez des, des formations en conduite? Je pense pour les ambulanciers notamment ?

FX MORONVAL : alors oui, bien sur euh… alors je n’ai pas parlé de ca, du métier d’ambulancier, mais c’est vraiment, beaucoup des compétences spécifiques et à part, et euh ils ont en effet des stages de conduite euh… en milieu euh… bah de vitesse mais aussi sur des circuits euh sur des conditions de neige notamment ou de verglas, de… de… spécifiques. Après euh, le rôle de l’ambulancier bien sur c’est de, c’est d’accompagner, enfin un des rôles, c’est d’accompagner l’équipe le plus rapidement sur place, mais avant tout euh, ce qu’on dit toujours c’est accompagner l’équipe vivante. Et euh, il y a jamais euh on est pas là non plus pour faire les cow-boys, on est pas à Chicago (Rires) …. C’est quand même euh, de, malgré tout, de rester prudent dans la conduite, éviter d’avoir… parce que autre chose aussi, c’est la… parce que souvent les gens nous voient arriver avec les gyrophares et bien la réaction elle est vraiment imprévisible. Des fois on va avoir des gens qui vont donner des coups de volant à droite ou à gauche ou qui vont carrément stopper le véhicule euh… par peur, ou qui vont se mettre à rouler de façon aussi euh un peu rapide. Donc euh voilà on essaie d’être quand même malgré tout très très prudent, enfin ils sont toujours très très prudents quoi.
Et ça peut arriver, c’est déjà arriver de percuter des fois euh.. des animaux. Ça peut arriver. On en avait eu un il y a quelque temps dans les Vosges. On avait eu une équipe qui avait percuté malheureusement un cerf. Donc la bien sur heureusement pas de blessé mais c’est toujours quelques moments de frayeur à ce moment la. Donc voilà. Donc ca on est euh voilà toujours vigilants même lorsqu’il faut rouler vite c’est euh… avec la plus grand prudence quand meme.

40 : 52

Musique transition

Sébastien : On ne l’a pas évoqué, mais une équipe SMUR dans les Vosges, c’est quoi? C’est un ambulancier, un médecin urgentiste et un infirmier anesthésiste, c’est ca?

FX MORONVAL : Alors c’est un ambulancier SMUR, c’est un médecin urgentiste et euh… alors nous les infirmiers anesthésiste on a pas. Dans les Vosges euh ils ne sont pas dans les VLM. C’est des infirmiers des urgences. Infirmiers des urgences, et on a une quatrième place qui est habituellement euh… souvent prise par un stagiaire. Que ce soit un stagiaire ambulancier ou un stagiaire infirmier, ou un stagiaire euh étudiant en médecine ou sage-femme.

41 : 28

Musique transition

Sébastien : Alors on a une autre question qui nous a été posée, en termes de santé et de sécurité au travail. Euh l’auditeur demande : comment vous traitez les aspects psychologiques du métier ? Et il précise : le stress avant une intervention, la pression des autres intervenants ou des proches du patient, les difficultés après une intervention forte et l’implication en cas de situation personnelle similaire. En fait, je crois que notre auditeur souhaitait t’interroger autour des risques psycho-sociaux de votre métier.

41 : 57

FX MORONVAL : euh…. Alors c’est souvent euh, la préparation bah c’est habituellement quand euh.. on se prépare quand on part en intervention SMUR. Parce que par exemple quand il y a un patient qui arrive pas bien aux urgences en détresse vitale, souvent on, on a pas le temps de se préparer parce que on nous appelle, il est pas bien et puis on y va tout de suite. Donc on est tout de suite dans le feu de l’action. Et lorsqu’on part sur une intervention difficile, par exemple on sait qu’on va partir sur quelqu’un qui est pendu ou euh.. sur un enfant qui est noyé ou euh… enfin voilà quelque chose de grave, euh… on euh… il y a déjà toute une préparation ou l’on va profiter un petit peu du temps euh, du temps de route, alors après c’est vraiment euh personnel dépendant, mais on a des gens qui vont pas parler et qui vont rester concentrés, d’autres qui vont avoir besoin d’exprimer un peu les choses. On a un peu tous notre façon de faire en partant en intervention. Moi j’ai récemment découvert l’hypnose. Et souvent quand c’est des interventions difficiles, je me mets en auto-hypnose, donc une espèce de trans légère qui me permet un peu de, de… de partir ailleurs en fait, et d’être plus serein lorsque j’arrive sur une intervention. Et voilà, donc on a un peu tous nos propres défenses on va dire, et euh, on se connait un peu à force avec le temps, on se connait un peu tout, et on sait que on va pas gérer le stress de la même façon, même si on le gère tous, sinon on ne ferait pas ce métier là, parce que je pense qu’un urgentiste qui n’arrive plus à gérer son stress c’est qu’au bout d’un moment euh… il y a quelque chose qui ne va pas ou qui va plus. Mais euh…la gestion du stress, on la gère tous à notre façon. Donc certains vont la gérer avec de l’humour, ça peut paraître paradoxal, mais l’humour peut permettre de faire passer énormément de choses. Ou d’autres personnes qui vont très peu parler ou d’autres qui vont se mettre des, se dissocier complètement, se mettre des barrières, ou d’autres personnes vont parler énormément. Donc c’est assez variable d’une personne à l’autre. Et euh… donc voilà, mais en règle générale quand on part en intervention, on parle assez peu, parce que je pense qu’on est tous un peu concentrés et on visualise un peu tous les gestes qu’on va faire. Par exemple si euh, bah je prenais l’exemple d’un pendu, et bien on va un peu s’imaginer bah voilà il va probablement falloir lui poser une perfusion, il va probablement falloir l’intuber, il faut pas oublier le collier cervical. En fait on ressasse un peu tous les éléments importants qu’on va devoir euh… qu’on va devoir dérouler. Et on part toujours aussi du principe que c’est le pire. C’est à dire que des fois on nous annonce quelqu’un en arrêt cardiaque ou inconscient et le motif n’est pas toujours le même, mais euh dans notre tête voilà on est beaucoup plus rassuré si ca va mieux, mais on s’imagine toujours le pire d’emblée.
Et après donc quand on a vécu l’intervention. Donc des fois on vit des intervention très, voire extrêmement difficiles, euh… quand c’est vraiment très très dure, ce qu’on fait souvent c’est qu’on va faire un espèce de débriefing, on parle même de diffusing. C’est à dire qu’on va libérer un peu les émotions et qu’on va essayer de faire parler un peu tout le monde sur son ressenti et sur ce que euh comment tout le monde a vécu la situation quoi. Et ça c’est, c’est surtout important parce que… alors moi ca fait 10 ans du coup que je fais ce métier là, donc je commence presque à faire parti des vétérans, mais avec nous, bah je disais tout à l’heure on a assez souvent des stagiaires, des étudiants et pis bah mine de rien eux ca peut être leur première intervention. Il y a des fois des stagiaires euh sapeur pompier apprenant qui peuvent être choqués assez facilement… donc c’est assez important de… et je pense que c’est un des rôles aussi justement du médecin régulateur euh du médecin urgentiste je veux dire, pas régulateur, d’aller un peu faire le tour des, des équipes, et puis de, de faire un petit peu parler tout le monde et puis d’avoir le ressenti de tout le monde. Après euh nous on a la possibilité d’avoir une psychologue au travail, dans les équipes pompier aussi. Après euh… je sais en tout cas en concret ca reste exceptionnel voir euh plus exceptionnel que les gens aillent voir un psychologue dans un deuxième temps. Mais souvent le débriefing a chaud permet un peu de faire passer l’intervention

45 : 56

Musique transition

Sébastien : On va changer de domaine encore. J’aurai voulu aussi parler de formation avec toi.Parce que c’est une de tes casquettes. Tu nous as dit que tu étais le responsable pédagogique du CESU 88. Alors vous pouvez aller réécouter notre tout premier épisode sur lequel on vous explique en autre ce qu’est le CESU, le centre d’enseignement en soins d’urgence. Est ce que tu peux nous expliquer quels types de formations vous délivrez au CESU 88, qui sont les formateurs et à qui ces formations sont-elles destinées?

FX MORONVAL : Alors les… le CESU ca délivre ce qu’on appelle des AFGSU euh FGSU c’est formation en gestes et soins d’urgence. Pour faire assez simple, ce sont des formations de gestes de premiers secours. Donc on parle de gestes qui sauvent pour les soignants, et pour les personnels qui travaillent dans les établissements de santé comme les hôpitaux ou les EHPAD par exemple. Parce que il y a plusieurs années, on s’était rendu compte que quelqu’un qui faisait un arrêt cardiaque dans la rue, et bien il avait plus de chance de survit qu’à l’hôpital. Ce qui peut paraître paradoxal, mais c’est vrai que dans le monde des urgences gérer un arrêt cardiaque c’est quelque chose qu’on fait assez régulièrement. Dans un service de neurologie par exemple ou de dermato, et bah c’est plus rare quand de prendre en charge un arrêt cardiaque, voir exceptionnel, et heureusement. Euh… et bah on fait bien les choses que ceux que l’on fait régulièrement. Et c’est pour ca qu’on a mis en place ces formations la pour le personnel soignant. Notamment infirmière et aides soignants. Pour que euh une prise en charge puisse être débutée le plus tôt possible pour éviter d’avoir des pertes de chance à l’hôpital. Et en dehors de l’hôpital, dans les soignants on a aussi les dentistes ou les pharmaciens. On s’imagine très bien que quelqu’un qui va avoir une douleur dans la poitrine ou qui va se blesser, son premier réflexe ça va être d’aller dans une pharmacie si c’est dans un milieu qui est un petit peu isolé et qu’il n’y a pas de médecin à proximité. Et si la personne se présente à la pharmacie, bah c’est bien que le pharmacien sache quoi faire, et notamment si le patient est en détresse vitale, s’il va pas bien. Donc c’est un peu cet objectif là. Et ce qui diffère des formations secouristes classique, c’est que la vu qu’on est sur des, des gens qui ont des compétences médicales, on est sur une formation qui est plus basée sur des éléments médicaux et sur de la euh… des objectifs à atteindre en fait en terme de gestes de secours. Donc on est un petit peu moins on va dire militaire et algorithme qui respire oui non, conscient oui non , mais plus dans un euh dans un objectif en fait de pourquoi on fait le geste. Et donc voilà, donc en fait pour aller jusqu’au bout, on a en fait 2 niveaux. On a l’AFGSU niveau 2 qui est vraiment pour les soignants, donc les gens qui touchent des patients, et l’AFGSU niveau 1 qui est pour des gens non soignants qui travaillent bah comme je le disais dans les établissements de santé. Donc ça peut être les personnes de direction, comme les gens des cuisines ou les femmes de ménage par exemple.

48 : 56

Sébastien : Ok, et vous délivrez d’autres types de formations que l’AFGSU?

FX MORONVAL : Alors euh oui euh… alors on a des formations… alors après ça dépend un petit peu des CESU en fait. On a des, on a des formations qui sont un petit peu plus spécialisées, que ça peut être en fait… ce sont des formations spécifiques sur les gestions d’accouchement à domicile, ou ca peut etre sur des formations de gestes d’urgence pédiatriques, ou de régulation, ou de…d’attentat. En fait on est sur des formations à chaque fois dans l’urgence pour du personnel soignant et sur des domaines un peu spécifiques.

Sébastien : Et alors qui sont les formateurs euh… c’est quoi, ce sont les médecins urgentistes séniors ou c’est vraiment une qualification particulière pour euh, pour exercer en qualité de formateur dans vos CESU?

FX MORONVAL : On part du principe que pour être formateur il faut que ce soit des gens qui pratiquent absolument dans un service d’urgence. Alors soit médecin, soit infirmier, soit aide-soignant, soit ambulancier, c’est pas un problème. Mais il faut que ce soit dans un service euh d’urgences. Donc en fait, soit aux urgences, soit, dans des services d’urgences qui pratiquent de l’urgence, c’est à dire la régulation ou des services avec des scopes, comme par exemple des services neuro-vasculaires la ou on a les AVC, ou des soins intensifs de cardiologie ou du bloc opératoire ou euh des urgences pédiatriques. Euh voilà. Déjà on part toujours du principe qu’il faut que ce soit des gens qui euh soient dans le milieu de l’urgence et qui voient des urgences régulièrement. Si du jour au lendemain une infirmière qui travaille aux urgences en a marre et décide d’aller travailler dans une maison de retraite; dans une EHPAD, et bah en fait elle va perdre sa qualification de formatrice parce que et bien vu qu’elle ne va plus pratiquer elle perd en fait en qualité. Et pour nous ce sont des éléments qui sont importants dans cette formation c’est que ça reste énormément basé sur du pratique et notamment aussi sur du retour d’expérience euh de chacun.
Et en fait la formation elle se fait sur… pour être formateur, c’est presque un an ou il y a énormément de pédagogie et notamment pour nou c’est beaucoup de pédagogie active c’est à dire que l’objectif c’est de ne pas avoir enfin pas faire que des, être trop scolaire et avoir par exemple des diaporamas euh… avec des gens assis sur une chaise. Donc là être plus dans l’action avec des mises en situation donc ce qu’on appelle de la simulation ou on fait des scénarios, ou on met les gens dans des situations qui semblent réelles pour eux, où du coup on peut laisser faire les erreurs et puis dire bah voila la tu as fait telle erreur et puis de débriefer un peu sur cette erreur la, pour après en situation réelle ne plus le faire. Et sur de la pédagogie active aussi ce qu’on appelle de la.. notamment, bon je vais pas rentrer dans les détails, mais par exemple des… soit par type de jeu ou ce qu’on appelle la pédagogie de la découverte où les gens vont, vont découvrir au fur et à mesure et apprendre comme ca… C’est des éléments un peu… innovants, qui stimulent un peu la motivation et qui donc ancre plus en fait euh l’apprentissage et le euh.. comment dire… de garder après dans le temps

52 : 51

Sébastien :Ok et du coup vous vous déplacez dans les services ou ce sont les professionnels qui viennent dans vos locaux, dans les locaux du CESU?

FX MORONVAL : Alors dans les services c’est souvent pas adapté, il n’y a souvent pas de place dans les, dans les services, enfin c’est assez petit, donc oui c’est dans nos locaux, on a des salles de formation déjà adaptées en fait, avec le matériel, et on a même dans nos locaux une chambre de simulation. En fait on a recréé une chambre de patient euh avec un mannequin et où les gens peuvent se mettre en tenue euh de travail d’hôpital pour rentrer plus facilement dans leur rôle. Et ils utilisent du matériel, notamment ce qu’on appelle le chariot d’urgence, du matériel qu’ils retrouvent après en service. Donc l’objectif c’est d’être le plus proche de ce qu’ils ont dans leurs services pour que s’ il leur arrive quelque chose euh pouvoir réagir au mieux.

53 : 12

Sébastien : Ok donc vous n’allez pas chez eux, ils viennent chez vous mais c’est presque comme s’ ils étaient chez eux quoi.

FX MORONVAL : C’est un peu le but ouais. c’est un peu le but. Après, alors juste pour aller jusqu’au bout du truc, en réanimation ils peuvent faire ce qu’on appelle de la simulation in situ, ou carrément ils vont euh, ils vont jouer des scènes dans des chambres de réanimation. Mais pour ça ça nécessite souvent un projet de service et du coup d’avoir un peu, une chambre à disposition ou libre à ce moment. Et bon on sait que les lits de réanimation avec le COVID, on a bien vu qu’on était en pénurie de lit. Mais si il y a certains services qui ont des chambres faites pour ça et bien c’est aussi bien d’avoir euh… de s’entraîner et faire ça en simulation in situ. Donc c’est ce qu’on essaie, de tendre vers ça. Et après, bon, on a encore un petit peu de retard en France, mais aux Etats-Unis, il y a énormément de services où ils ont carrément d’emblée une chambre de simulation dans les services de réanimation quoi.

54 :03

Musique transition

Sébastien : Dernière question, et on va plutôt euh… aller sur le plan politique. On a parlé tout à l’heure de notre système de santé qui est en souffrance et qui clairement a des difficultés de fonctionnement pour pleins de raisons. Alors attention, question très difficile. Si toi FX tu étais au ministère de la Santé, quelles seraient tes propositions pour tenter d’améliorer notre système de santé et l’accès aux soins?

FX MORONVAL : Alors… euh… c’est en effet une question qui est complexe. Je ne sais pas si vraiment il y a de recette miracle. Je pense qu’il y a énormément à faire de partout. C’est des choses qui sont énormément complexes. Euh… Bien sûr euh… il y a, il y a l’attrait financier pour les équipes bien sûr. De revaloriser un petit peu et de donner un petit peu plus… mine de rien les salaires font que ça donne un attrait un petit peu plus pour le métier hein. Ce qui fait partie… ouai, ce qui est pas négligeable. Mais également les conditions de travail. Avec euh… Ah c’est sûr on a pas de… c’est un peu toujours les mêmes choses qui reviennent mais on a pas d’effectif et d’avoir plus de personnel… c’est un problème pour moi qui est assez global. C’est, il n’y a pas qu’une seule solution, c’est un peu de tendre vers partout. Et un élément aussi qui a peut être été un petit négligé ces derniers temps c’est vraiment l’information de la population à l’accès aux soins. Ou après, euh… on parle, euh… on est dans une société où on a tout, tout de suite. On le voit maintenant avec euh, la société un peu drive, ou on a tout à domicile, on a amazon, on a macdo, on a netflix, on a tout tout de suite, et on veut essayer de consommer de la santé un peu de la même façon que ça, et on ne se rend pas compte que en fait euh que notre système de santé ce n’est pas du drive. Et même en France par rapport à d’autres, d’autres pays, on a quand même de la chance d’avoir des soins euh gratuits entre guillemets. Euh… et voilà. Et malheureusement je parlais tout à l’heure un petit peu d’abus, et des fois il peut y avoir de l’abus, et puis il y a je pense aussi peut être un problème de, d’information ou d’éducation un petit peu de la population à comment euh trouver le, les bons spécialistes, et le médecin adapté aux soins. Sachant que bien sure on a euh, bah on a une pénurie médicale ou on a certains endroits ce qu’on appelle les zones blanches où les gens n’ont carrément plus de médecin traitant. La ce sont bien sûr des mesures qui sont extrêmes, mais qui arrivent dans certains endroits du territoire. C’est encore un autre élément. Ou notamment il y a de plus en plus, euh… justement, de politique d’attrait pour les médecins dans les territoires, et ca passe notamment par des maisons de santé où on a euh… souvent moi lorsque je discute avec les jeunes médecins, ils ne veulent pas s’installer tout seul euh et être isolés. Ils aiment bien être un peu à plusieurs, et c’est ce que offre en fait ces maisons de santé. Souvent avec quelques médecins, avec un kiné, une infirmière libérale… Et ça, ça peut permettre déjà un petit peu, les maison de santé, de désengorger un petit peu et voilà. Encore une fois je pense que euh on parle beaucoup des salaires, on parle beaucoup du manque d’effectif, on parle du manque de lit, on parle euh…. mais pour moi ce qui manque aussi un petit peu c’est le, ce manque un peu d’éducation de la population à quand et comment aller consulter le médecin quoi.

57 : 27

Musique transition

Sébastien : Et bien merci FX d’être venu au micro nous parler de ton métier de médecin urgentiste, en service des urgences, au SAMU. Je vais te laisser la parole si tu veux faire un peu d’auto promo. Je sais que tu es présent sur les, sur les réseaux sociaux. Ou est-ce qu’on peut te suivre? Quels sont les projets de FX à venir?

FX MORONVAL : Oui alors voila, alors juste pour terminer, en effet je suis principalement actif bah euh sur twitter, sur FX MORONVAL, également sur instagram ou bah euh je parlais un petit peu tout à l’heure de, à l’instant, même, un petit peu d’éducation euh de la population. Et je vais essayé de tendre vers ça, parce que c’est vrai que j’ai quand même une communauté assez conséquente et l’objectif ca va etre un petit peu de euh… d’informer un peu plus les gens sur euh… bah déjà sur mon métier, ce que je suis en train de faire la actuellement. Mais également euh oui sur l’accès aux soins et sur ce qui se passe un petit peu aux urgences. Et donc mon projet qui est la fraîchement sorti, c’est donc la création d’une chaîne sur YouTube que j’ai appelé tout simplement DocFX euh sur les coulisses des urgences, et mon objectif ca va être de faire passer un petit peu des messages sur les urgences et sur l’organisation des soins et également des conseils en fait de, de prise en charge et de prise en soins. Donc si vous êtes sur YouTube et bien n’hésitez pas à aller me retrouver sur ma chaîne ou euh je vais régulièrement vous donner des informations.

Sébastien : Et bien écoute ce qu’on va faire c’est qu’on va mettre tout ça en description de l’épisode, comme ca vous pourrez cliquer et y accéder directement.

FX MORONVAL : Et bah c’est très gentil. Merci beaucoup.

Sébastien : Et bien merci FX, très bonne continuation à toi, on souhaite une longue vie à ta chaîne YouTube, encore merci d’être venu, et puis à bientôt!

FX MORONVAL : Merci c’est sympa, et bien bonne journée à tous alors!

Musique

59 : 20

J’espère que ce premier entretien sur un métier du monde de la santé et de la sécurité vous aura permis d’en apprendre davantage.
Si vous avez aimé cet épisode, n’hésitez pas à mettre des étoiles ou des coeurs sur votre appli de podcast, à le partager et à en parler autour de vous, ça aidera beaucoup.
Et comme dirait un podcasteur que j’adore, même si vous n’avez pas aimé, partagez le quand même, on sait jamais.

Si vous souhaitez voir un sujet traité en particulier dans cette émission, pour toute demande de collaboration ou autre, vous pouvez me contacter sur la boite mail santesecurite.podcast@gmail.com
Je vous souhaite une belle journée, mais surtout, prenez soins de vous!

Ressources :

Le compte Instagram de FX : https://www.instagram.com/doc.fx.moronval

Le compte twitter de FX : https://twitter.com/FXMoronval?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor

La chaîne YouTube de FX : https://www.youtube.com/channel/UCwNzR7nFg1UVzWo4-pF-giA/featured

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