EP33 - FEUX DE FORET 2023 : SOYONS ACTEURS DE NOTRE SECURITE

Feux de forêt 2023 : soyons tous acteurs de notre sécurité

Avec Christophe CHANTEPY de l’ONF (Office Nationale des Forêts)

00:00:04

Sébastien: Bonjour, je suis Sébastien et vous êtes sur le podcast Santé et Sécurité. Ce nouvel épisode sera consacré aux feux de forêt, le printemps maintenant installé et aux vues de la saison feux de forêt passée, j’ai pensé que le moment était opportun pour en parler. D’autant plus que le gouvernement a organisé il y a peu une conférence de presse pour y faire des annonces à ce propos. Nous avons commencé à préparer ce podcast début avril 2023. Malheureusement, l’actualité nous a tristement donné raison puisque déjà 1000 hectares de forêt viennent de partir en fumée dans les Pyrénées Orientales. Vous en conviendrez donc, il est temps de se ressensibiliser ensemble à ce risque majeur. Et j’ai bien dit ensemble, vous et moi. Parce que savez vous que neuf incendies sur dix sont d’origine humaine? Et savez vous que un incendie sur deux est dû à une imprudence humaine? Ces feux de forêts, nous serons tous d’accord pour dire que ce sont de vrais désastres à tous points de vue, pour l’écologie, pour notre faune et notre flore, pour notre santé. Un vrai désastre en terme de secours aussi. Car oui, les services de secours ne sont pas illimités et pendant qu’ils sont là, ils ne sont probablement pas ailleurs. Un désastre économique aussi, et parfois même un désastre social pour les habitants. Savez vous que les forêts sur notre beau pays représentent un quart de notre territoire national? Et savez vous que la France est le troisième pays le plus boisé de l’Union européenne? En 2022, ce sont 72 000 hectares de forêt qui ont brûlé. 72 000. Et je vous le répète, 90 % de ces incendies sont d’origine humaine et donc évitables. Le gouvernement, dans sa récente conférence de presse sur le sujet, a indiqué avoir pris ses responsabilités avec une nouvelle politique de prévention et des moyens mis sur la table. Mais comme le dit mon invité du jour, arrêtons d’être consommateur de sécurité et de vouloir que des femmes et des hommes mettent leur vie en danger pour sauver nos biens personnels. Soyons acteurs de notre propre sécurité. Voilà, c’est exactement pourquoi j’ai voulu faire cet épisode : pour que l’on prenne conscience ensemble de nos comportements parfois dangereux, pour que l’on ait les bons réflexes pour prévenir le feu de forêt et aussi pour que nous ayons les bons réflexes si d’aventure nous serions témoin d’un départ de feu ou pire, victime. Alors je ne suis pas expert du sujet et c’est pourquoi j’accueille aujourd’hui sur le podcast Christophe CHANTEPY qui est expert en défense des forêts contre les incendies à l’ONF, l’Office National des Forêts, avec qui nous allons aborder ces problématiques. Je vous souhaite une bonne écoute.

00:03:06

Sébastien: Bonjour Christophe et merci d’avoir répondu à notre invitation. Alors pour commencer, est ce que tu pourrais te présenter et nous en dire un petit peu plus sur ton métier?

00:03:16

Christophe CHANTEPY: Bonjour, merci de l’invitation. Donc je m’appelle Christophe CHANTEPY et je suis actuellement ingénieur à l’Office National des Forêts. Avant cela, j’ai travaillé dans plusieurs directions départementales des territoires. C’est les entités départementales des ministères de l’Agriculture et le ministère de l’Environnement. J’ai été notamment pendant sept ans à la tête de l’ unité Forêts DFCI Défense des forêts contre l’incendie à la Direction départementale des territoires et de la Mer du Gard. Et depuis un peu plus d’un an, j’occupe un poste d’expertise en DFCI à l’Office National des Forêts au sein de l’agence DFCI, elle-même rattachée à la direction territoriale Midi-Méditerranée. Et mon travail, c’est notamment. Je participe à l’organisation, à la mise en place des missions d’intérêt général que nous confient les ministères de l’Agriculture et de l’ Environnement, et notamment sur le dispositif de prévention et de surveillance estivale, sur les obligations légales de débroussaillement, sur la restauration des terrains incendiés et sur pas mal d’ autres thématiques et notamment pas mal de thématiques réglementaires.

00:04:25

Sébastien: Tu. Tu parles de DFCI pour les gens qui qui connaissent pas forcément le.

00:04:30

Christophe CHANTEPY: L’acronyme.

00:04:31

Sébastien: Le milieu, voilà l’acronyme. Est ce que tu pourrais nous rappeler ce que ça veut dire?

00:04:35

Christophe CHANTEPY: Ouais, c’est vrai qu’on parle beaucoup avec des acronymes de plus en plus. Alors la DFCI, c’est la défense des forêts contre les incendies. En fait, c’est toutes les activités qui vont pouvoir être mises en place, notamment en matière de prévention et de gestion forestière, pour participer à la défense des forêts contre l’incendie. On fait une petite différence entre la DFCI et le risque incendie par rapport à l’urbanisation et à l’aménagement du territoire. La DFCI, on est plus sur la protection de la forêt.

00:05:07

Sébastien: Eh bien merci Christophe, alors entrons directement dans le vif du sujet. On sait tous quand on discute autour d’un café, plus ou moins en tout cas, quelles sont les conséquences des incendies de forêt. Mais moi, je suis persuadé qu’on en sait beaucoup moins qu’on peut le prétendre. Alors plantons le décor. Toi qui est expert, est ce que tu peux nous rappeler quelles sont les conséquences des feux de forêts?

00:05:33

Christophe CHANTEPY: Alors les conséquences des feux de forêts. En fait, elles sont multiples. On a des conséquences directes qu’on connaît tous, c’est la perte de surface forestière et finalement de tout l’écosystème qui va avec, notamment le volet écologique. Mais les incendies peuvent avoir aussi des impacts sur l’ensemble des biens matériels, privés ou publics, c’est à dire les habitations, les infrastructures routières. Chaque fois qu on a un gros incendie, on a également très régulièrement, eh ben, des habitations privées malheureusement, qui peuvent passer sous les flammes, mais également beaucoup de biens publics qui peuvent être dégradés. Et à cela, on rajoute des conséquences indirectes des incendies un peu moins connues. C’est notamment des risques hydrauliques qui peuvent être entraînés par la couverture, la perte de la couverture végétale qu’on pouvait avoir et ça peut entraîner derrière des crues torrentielles ou de l’érosion supplémentaire. Dans les causes indirectes, dans les conséquences indirectes, pardon. Il y a également la libération du CO2 dans l’atmosphère, avec une participation derrière potentiellement au réchauffement climatique. À cause de ça, et aussi par rapport à un volet sanitaire sur les particules fines qui peuvent être émises par les feux. Donc voilà, c’est vrai que c’est bien de le rajouter. Un incendie, ce n’est pas que de la perte forestière sèche. C’est également un effet domino avec beaucoup de conséquences indirectes qui peuvent arriver avec la perte de surface forestière et une mise à nu du sol brutal.

00:07:05

Sébastien: D’accord. Alors comme je le disais en introduction, quasiment neuf incendies sur dix est lié à l’humain. Est ce que tu peux nous parler des causes les plus fréquentes d’ incendie en forêt?

00:07:21

Christophe CHANTEPY: C’est vrai que c’est bien de le rappeler aussi. Un 90 % des incendies sont d’origine anthropique, donc due à la main de l’homme. Ça veut dire qu’il n’y a que 10 % qui sont naturels et en France, les seules causes naturelles qu’il y a. La seule cause naturelle qu’il y a, c’est la foudre. Et donc c’est une part toute petite des causes de départ de feu. La grande majorité des incendies est due à des causes accidentelles. Alors les causes accidentelles, c’est des étincelles générées par des travaux avec une disqueuse, avec un gyro broyeur qui fait une étincelle en tapant contre une autre pièce métallique ou contre un caillou. C’est des jets de mégots. C’est le brûlage de végétaux qui échappent à leur con. Brûler quelque chose au fond du jardin, c’est un barbecue avec une braise incandescente qui qui part, qui est projeté par le vent et qui met le feu. C’est donc majoritairement des causes accidentelles au niveau des départs de feu, mais on a une partie des départs d’incendies qui sont également volontaires. Alors, c’est des actes de pyromanie. Donc là, on est vraiment sur une maladie ou des actes qui sont dus à une personne qui met le feu avec un intérêt particulier, un intérêt à la génération d’un incendie pour des causes personnelles. Donc voilà, on a tout un panel de départ d’incendie qui peuvent être très variés, mais avec une constante c’est l’homme qui en est à l’origine et majoritairement l’homme qui en est à l’origine de manière accidentelle, par défaut de vigilance, voire par bêtise.

00:08:56

Sébastien: D’accord. Et tu as une idée de ces défauts de vigilance ou de ces bêtises que l’homme peut faire et qui provoquent des incendies et parfois à son insu, parce qu’il n’a peut être pas toujours conscience que en fait, ce qu’il fait là, c’est c’est dangereux. J’ai je te dis ça avec une idée derrière la tête, c’est que j’ai entendu parler d’une sombre histoire de papier toilette.

00:09:19

Christophe CHANTEPY: Ouais, ouais, c’est assez récent. C’est anecdotique, mais pas tant que ça. C’est à dire que voilà, il y a quelques semaines de ça, on a une personne qui. Je crois que c’est en Nouvelle Aquitaine, en Dordogne je crois, a déclenché un incendie parce que, après être allé faire ses besoins en forêt, elle a souhaité ne pas laisser de papiers après son passage et a brûlé le papier toilette pour faire propre, pour nettoyer, brûler ce papier toilette, même à cette période de l’année, dans des endroits où c’est un petit peu sec, et ben ça peut provoquer un départ, un incendie, donc quelque chose qui part au départ d’une bonne volonté, voire même d’une idée d’avoir une nature propre, et bien on se retrouve à avoir un départ d’un incendie qui est dû à ça. Le jet de mégots, c’est encore trop souvent de la bêtise et de l’inconscience. La personne n’a pas conscience, quand elle lance son mégot, qu’elle va provoquer un départ de feu. Et d’ailleurs, la plupart du temps, et heureusement d’ailleurs, il n’y a pas de départ de feu avec un mégot qui est lancé. Sauf que un mégot sur un certain nombre dans des conditions favorables va se retrouver à potentiellement faire un démarrage de feu. Et vu la quantité de mégots qui sont lancés, et ben à la fin, le nombre de départs de feu à cause des mégots de cigarettes n’est pas anecdotique. Et pour autant, les gens qui ont lancé le mégot, ils pensaient pas mettre le feu. Et aujourd’hui il y a un vrai besoin d’acculturation, d’informations sur les bonnes pratiques à avoir et sur les bons gestes à avoir auprès de chaque citoyen pour avoir bien conscience que des petits actes anodins peuvent avoir des conséquences qui sont catastrophiques. C’est un petit peu l’effet papillon. C’est je fais un acte qui au départ n’était pas un acte avec l’idée de mettre le feu en pensant que cet acte anodin mais qui en fait peut avoir des répercussions catastrophiques.

00:11:16

Sébastien: D’accord, merci pour ta réponse. Alors je rebondis sur ce que tu viens de dire. Du coup, à titre individuel, au niveau individuel, comment on peut prévenir les incendies de forêt?

00:11:29

Christophe CHANTEPY: Eh ben alors, c’est bien parce que les causes de départ de feu sont plus souvent accidentelles et humaines que le risque feux de forê en fait, c’est un risque qui n’est pas comme les autres. Classiquement, on ne peut rien faire contre la survenance d’un risque naturel. On ne peut pas empêcher un volcan de rentrer en éruption, on peut pas empêcher la terre de trembler, on ne peut pas empêcher les pluies torrentielles de tomber. Mais avec le risque incendie comme celui ci, il est majoritairement dû à l’homme, onn peut réduire le nombre d’éclosions, et ce, en appliquant des pratiques vertueuses non génératrices de départ de risque de départ d’un incendie. C’est ce qu’on a évoqué tout à l’heure. Ce n’est pas jet de mégot par barbecue en pleine nature, pas de travaux générant des étincelles en été comme avec une disqueuse au fond du jardin. C’est ne pas se garer dans un champ avec des herbes hautes qui pourraient toucher le pot catalytique qui une fois qu’on a qu’on a circuler est très très chaud et par contact pourrait provoquer un départ de feu. Et puis finalement peut être ne pas brûler son papier toilette en forêt avec l’exemple récent qu’on connaît et qui historiquement était déjà arrivé.

00:12:35

Sébastien: Bon, très bien. Mais alors du coup, si moi je suis témoin d’un départ de feu en forêt, peu importe que j’en sois la cause ou pas, quels sont les bons réflexes à avoir pour donner l’alerte et se protéger?

00:12:50

Christophe CHANTEPY: Alors la base, c’est bien donner l’alerte. Voilà. Justement donc en appelant le 18 ou le 112 et en décrivant le plus précisément possible la localisation du départ de feu et son importance. Et puis après l’objectif, c’est en fonction de là où on se situe par rapport au départ de feu se mettre en sécurité. Donc si on se retrouve à avoir en contact visuel un feu au loin, voilà, on est sur la l’alerte donnée avec le 18 ou le 112 et et par contre voila, se mettre en sécurité, on ne va pas aller se rapprocher du feu. Par contre si le feu il est à proximité immédiate de là où on est, et bien il va falloir essayer de penser à du confinement. C’est véritablement la base dans. Au niveau sécurité civile, on se confine dans un lieu où on est en sécurité. C’est notamment le cas des habitations et on évacue uniquement sur ordre des autorités. Mais voilà, la plupart du temps, les détections de feux qui peuvent se faire par les citoyens sont souvent des détections visuelles en circulant en voiture ou autre. Et donc voilà le réflexe principal le 18, le 112.

00:13:56

Sébastien: D’accord. Donc je reformule on fait le 18 dès qu’on est témoin d’un départ de feu. Surtout, je ne m’approche pas de l’incendie du feu de forêt et si malheureusement je suis déjà à proximité, le confinement et la règle.

00:14:14

Christophe CHANTEPY: Voila. Absolument et évacuation uniquement sur ordre des autorités.

00:14:17

Sébastien: Est ce que tu pourrais nous en dire un petit peu plus sur la façon de se localiser? Alors sur le podcast, on a déjà fait un épisode sur la géolocalisation lorsque l’on appelle les secours, mais ça peut être compliqué lorsque je suis en forêt ou que je vois un incendie de forêt, même à distance, pour donner les bonnes, les bonnes coordonnées du lieu du sinistre, comment on peut faire ça?

00:14:42

Christophe CHANTEPY: Alors c’est vrai que c’est pas toujours évident de savoir où est ce qu’on se situe. L’avantage actuellement, c’est que le téléphone avec lequel les gens vont appeler les secours, c’est en général un smartphone. Et sur smartphone, on a bon nombre d’applications qui sont souvent installées. Et sans vouloir faire la promotion de certaines, il est assez facile de pouvoir se localiser pour pouvoir donner, et ben soit des coordonnées GPS si jamais elles sont portées, soit le nom de la rue sur laquelle on se situe. Parce qu’il y a beaucoup de logiciels qui sont déjà même préinstallés sur certains téléphones qui permettent d’identifier le nom de la rue. Après, dans certaines certains cas de figure, il peut y avoir aussi des des lieux remarquables qui puissent être identifiés. Donc arriver à dire bah voilà, je suis passé, j’étais sur l’autoroute, je suis passé à côté du PK. C’est le point kilométrique avec une référence où tous les kilomètres il y a un numéro du point kilométrique. Donc arriver à dire j’étais à tel endroit et je regardais dans tel sens. Donc voilà, c’est beaucoup de repères visuels pour pouvoir arriver à dire où est ce qu’on se situe quand on n’est pas sur son propre territoire, qu’on arrive à identifier particulièrement. Et sinon, voilà le recours aux appareils de téléphonie mobile qui embarquent en général des applications qui permettent d’avoir des informations précises, notamment sur le nom de la voirie où on se situe ou une voirie à proximité. Ça peut beaucoup aider.

00:16:12

Sébastien: D’accord. Alors pour continuer dans la même lancée, est ce que nous, à l’échelon individuel, on a un ou plusieurs moyens qui pourraient faciliter l’intervention des secours, ou en tout cas un comportement peut être à adopter pour faciliter l’intervention des secours en cas d’incendie?

00:16:32

Christophe CHANTEPY: Alors lorsque l’incendie s’est déjà déclaré, la. Ce qui est le plus facilitateur pour les interventions des secours, notamment quand on est chez soi, c’est de pouvoir laisser le portail ouvert devant chez soi pour faciliter l’intervention des secours. D’ailleurs, si jamais il y a eu un ordre des autorités d’évacuer, il faut quand même laisser le portail ouvert pour que les camions pompiers puissent venir intervenir et mettre en sécurité l’habitation notamment. Après, à titre individuel, l’idéal c’est d’anticiper ça avant le feu, c’est d’avoir un terrain dont l’aménagement permet la circulation et le mouvement des camions pompiers qui est souhaitable. Avoir des voiries d’accès assez larges et des zones de retournement potentiellement pour les pompiers. Donc on peut faciliter l’intervention des secours de ces moyens, de ces manières là.

00:17:23

Sébastien: Merci Christophe. Alors en introduction je citais un de tes posts sur LinkedIn, je vais le répéter, tu disais arrêtons d’être consommateur de sécurité et de vouloir que des femmes et des hommes mettent leur vie en danger pour sauver nos biens personnels et soyons acteurs de notre propre sécurité. Auto-protégeons notre maison et sécurisons l’action des pompiers. Débroussaillement. Est ce que tu peux nous parler des obligations de débroussaillage aujourd hui et au delà de ces obligations, parce que il faut aussi sortir de, voilà ce qui est réglementaire. C’est une chose, mais on peut peut être aller plus loin. Du coup, est ce que tu pourrais aussi en plus nous indiquer s’il y en a les bonnes pratiques lorsque l’on habite en forêt ou à proximité?

00:18:13

Christophe CHANTEPY: Donc les obligations légales de débroussaillement, on a tendance à appeler ça à chaque fois par leur acronyme les OLD. C est une des mesures de prévention les plus efficaces en matière d incendie feux de forêt. Le but des OLD, c’est de diminuer la quantité de combustible à proximité, notamment des habitations, et ce notamment en créant aussi des ruptures dans la continuité de la végétation tant horizontal au sol ou au niveau des hauts pierres que vertical entre le sol et le haut des arbres. Ce débroussaillement, il doit être réalisé sur une profondeur de 50 mètres, en général autour des habitations ou de tout type de construction d’équipement dans les départements où les massifs qui sont jugés à risque incendies feux de forêt. Il est également obligatoire de part et d’autre des équipements linéaire de transport type les routes, les autoroutes, les voies ferrées, les lignes électriq. Et donc l’objet de ses obligations légales de débroussaillement. C’est bien de permettre au propriétaire de mettre son habitation ou pour les gestionnaires de voirie, leur voirie en sécurité à la fois vis à vis d’un feu qui arriverait depuis la forêt et que l’habitation subirait, que de faire une mise en sécurité de la forêt par rapport à un feu qui pourrait être induit par l’activité humaine autour des habitations. On rappelle ce qu’on disait tout à l’heure 90 % des feux sont d’origine humaine et la moitié sont accidentelles et donc se passent à proximité des lieux anthropiques dont les habitations et les voiries. Donc le débroussaillement a véritablement ce double objectif de permettre la mise en sécurité par rapport au risque subi du feu qui arriverait de la forêt et du risque induit par la maison ou la voirie, vers les… vers les forêts elles mêmes. Le débroussaillement, ce n’est pas le seul acte de prévention qu’on peut faire avant l’été pour mettre son habitation en sécurité. Il y a plein d’autres bonnes pratiques, notamment le nettoyage des toitures et des gouttières avant l’été pour que l’on n’ait pas à intérieur des feuilles et des aiguilles qui soient accumulées. Parce que ça c’est une source, non pas de départ de feu, mais c’est un réceptacle très favorable pour des brandons incandescents ou concrètement des petites braises qui pourraient partir à l’avant d un feu et qui retomberait sur ces matières qui sont très combustibles et qui se situeraient sur la toiture ou sur les gouttières et qui pourraient correspondre à une entrée au feu dans la maison. Dans les autres bonnes pratiques il y a le fait de ne pas stocker de combustible à proximité des habitations, ne pas stocker des bouteilles de gaz contre le mur de la maison. Pareil pour un stockage de bois. Le fait d’avoir également à proximité de la maison et ben une un tuyau qui puisse permettre de faire de l’arrosage. Ce tuyau d’ailleurs qu il faudrait pouvoir rentrer avec soi dans la maison si jamais on est confiné pour pouvoir après, une fois que le feu est passé, ressortir avec et pouvoir arroser les quelques petites flammèches qui pourraient rester. Donc voilà, il y a tout un ensemble de bonnes pratiques qui permettent de diminuer la vulnérabilité d’une habitation avec une mesure phare qui est véritablement celle du débroussaillement.

00:21:34

Sébastien: Alors en préparant l’épisode, je me suis un peu documenté sur le débroussaillement et je suis tombé sur quelques articles de presse, quelques reportages, enfin voilà, sur des collectifs qui seraient entre guillemets anti débroussaillement. En tout cas qui râle des gens qui râlent contre s être contre cette obligation, pardon, est ce que tu peux? Parce que moi je n’ai pas très bien compris en fait leur leur point de vue. Est ce que toi tu pourrais nous expliquer pourquoi certaines personnes seraient contre cette mesure qui est censée finalement les protéger en fait?

00:22:13

Christophe CHANTEPY: Ben en fait donc on a vu le débroussaillement, c’était la mise en sécurité de l’habitation comme rôle principal et la mise en sécurité également de la forêt. Mais débroussailler, c’est également préserver son environnement paysager autour de son habitation. C’est aussi sécuriser l’intervention des pompiers. Et pour autant, régulièrement, on a beaucoup de personnes ou pas mal de personnes qui mettent en avant les difficultés de mise en œuvre des OLD, soit techniquement, soit déontologiquement. Déontologiquement, il y a souvent un cap qui est difficile à passer. C’est celui d’aller débroussailler chez son voisin. Parce que ça, on l’a pas évoqué tout à l’heure, mais le débroussaillement de 50 mètres autour d’une habitation, il doit être réalisé de manière continue entre les habitations et la limite des 50 mètres, et ce quel que soit le régime de propriété. Le principe général, c’est quand on est soumis aux obligations légales de débroussaillement, chacun des broussailles chez lui, du moment qu’il y est lui même soumis. Par contre, tout le monde n’est pas soumis au débroussaillement. On est soumis au débroussaillement uniquement quand on a une habitation qui a généré ses obligations légales de débroussaillement. Il arrive donc de manière assez fréquente qu’une habitation se retrouve à devoir débroussailler et qu’une partie du périmètre des 50 mètres tombe chez un propriétaire voisin, souvent propriétaire forestier, qui n’a pas d’habitation sur ce secteur là et qui n’a donc pas d’intérêt à débroussailler. Le débroussaillement il est de la responsabilité de celui qui potentiellement génère le risque et de celui qui a un bien à défendre. C’est donc bien aux propriétaires de l’habitation que revient la responsabilité du débroussaillement, parce que c’est lui qu’un bien à défendre. Dit différemment le propriétaire forestier voisin, il a pas demandé à ce qu’il y ait une habitation qui arrive à côté de sa forêt et c’est pas à lui d’investir du temps et de l argent pour la mise en sécurité d’un bien qui n’est pas le sien. Et donc ce cap psychologique de dire pour un propriétaire d’habitation je dois débroussailler 50 mètres autour de chez moi quand bien même sa tombe chez un voisin qui n a pas d’habitation. Et ben voilà, ça c’est un cap qui est un peu difficile. Et pourtant il faut bien comprendre que le débroussaillement c’est pour la mise en sécurité des habitations notamment, et que le code forestier justement permet à un propriétaire de se mettre en sécurité et d’aller intervenir chez autrui. Et autrui ne peut pas s’y opposer si jamais il s’y oppose à ce moment là seulement, il y a un inversement de responsabilité. Donc voilà, donc c’est ce premier aspect qu elle débroussaillement chez autrui qui des fois est difficile à accepter de la part des personnes qui doivent débroussailler. Et puis il y a un deuxième aspect qui revient régulièrement dans le dans les discussions par rapport au fait de dire que les OLD sont difficiles à mettre en œuvre. C’est la compatibilité avec le volet biodiversité. Souvent, les gens confondent débroussaillement et coupe rase de toute végétation ou défrichement, ou carrément suppression de la vocation forestière d’un espace. Or, le débroussaillement, ce n’est pas ça. Le débroussaillement C’est une opération de sylvicole, d’éclaircie des fois un petit peu fort pour diminuer la quantité de combustible. Ça reste toujours de la forêt. On avait une forêt avant, débroussaillement. Après débroussaillement on a une forêt qui est éclaircie avec moins de végétation un peu plus paysagère. C’est également quand on débroussaille la création de milieux un peu plus ouverts que la forêt fermée qui était présente à côté de l’habitation. Et on sait que les milieux ouverts sont des milieux qui sont plus favorables à bon nombre d’espèces animales et végétales qui ne peuvent être présentes que dans des milieux ouverts. Donc ça permet également le débroussaillement, l’ouverture de certains espaces qui peuvent être favorables à bon nombre d’ espèces. Donc on n’a pas d’incompatibilité entre débroussaillement et biodiversité parce que on se retrouve à conserver une vocation forestière sur ces espaces là. Et c’est bien l’incendie qui détruit la biodiversité et pas le débroussaillement.

00:26:28

Sébastien: Super! Je te remercie de de ces éclaircissements. La saison 2022 de feux de forêt a été vraiment catastrophique. On est tous d’accord. Est ce que tu peux nous en dire un peu sur la saison qui s’annonce, la saison 2023?

00:26:44

Christophe CHANTEPY: Alors difficile de faire des des prévisions, des prospections par rapport à des événements notamment climatiques, et météo bein qu’on connait pas encore. Ce qu’on sait déjà par contre, c’est que le déficit de précipitations cumulées depuis plus d’un an et notamment durant l’hiver qui correspond classiquement à une période de recharge des nappes, eh ben c’est difficites de précipitations, ont entraîné un état de sécheresse des sols en profondeur et les précipitations qu’on peut avoir eu ces dernières semaines sur une partie de la France, elles sont actuellement directement utilisées par la pousse de végétation et vont pas forcément percoler dans le sol pour pouvoir faire de la ressource pour l’été prochain. Et puis en plus, sur le pourtour méditerranéen, il y a pas pas eu ou peu de précipitations ces dernières semaines et la végétation est déjà très sèche à bon nombre d endroits. L’incendie de Cerbère à la mi avril en témoigne avec près de 900 hectares qui ont été parcourus par les flammes à une période où d’habitude on se retrouve à avoir des incendies qui se propagent peu. Donc voilà, on peut dire qu’on peut s’attendre à une saison difficile. Le facteur précipitations avant et durant la saison estivale restera déterminant.

00:27:56

Sébastien: D’accord. Alors récemment, il y a une conférence de presse du ministère de l’Intérieur sur les feux de forêts en vue de préparer cette saison, justement. Est ce que tu pourrais nous résumer assez simplement quelle est la nouvelle stratégie nationale en matière de prévention contre les feux de forêts?

00:28:17

Christophe CHANTEPY: Alors c’est pas forcément une nouvelle stratégie. La stratégie actuelle au niveau de l’ensemble des ministères sur le volet prévention, c’est véritablement objectif diminuer le nombre de départs de feu et limiter les surfaces parcourues, donc diminuer le nombre de départs de feu. C’est ce qu’on a vu tout à l’heure. C’est dire comme il est classiquement prédominant que c’est les causes accidentelles qui provoquent les départs de feu. Et bien c’est travailler pour qu’on ait un nombre plus limité avec et ben donc plus de prise en compte par le citoyen, par la réglementation aussi, en limitant les certaines activités pendant certaines périodes très à risques de l année qu’on peut réduire le nombre de départs de feu. La diminution du nombre de départs de feux se fait aussi sur les actes volontaires avec des investigations très fortes et très poussées maintenant pour faire des recherches sans responsabilité. Et bon nombre de personnes qui ont mis le feu volontairement se retrouvent aujourd’hui à être poursuivies avec des peines judiciaires qui se veulent exemplaires et pédagogiques pour que l’ensemble des gens sachent que on peut retrouver des personnes qui ont mis le feu des fois plusieurs semaines, mois ou années après que les actes aient été commis et que les gens sont poursuivis pour ça. Donc ça, c’est le premier aspect. Diminuer le nombre de départs de feu. Et le deuxième point sur lequel on a une stratégie nationale mise en place, c’est bien limiter les surfaces parcourues et on limite les surfaces parcourues avec des équipements de prévention qui sont mis en place un petit peu partout sur le volet voirie d’accès pour les pompiers en forêt, les fameuses pistes de défense de forêt contre l’incendie des points d’eau. Aménager le territoire en limitant au maximum les constructions à l’interface des des zones, des zones à risques. Faire beaucoup de surveillance l’été parce que au plus tôt on vient attaquer le feu, plus facile en sera l’extinction. Donc il y a une vraie. Il y a une vraie doctrine sur la primauté à la où la priorité à l’attaque des feux naissants. Donc véritablement, aujourd’hui en France, il y a une structuration de tous les services, notamment la sécurité civile, les pompiers pour arriver à mailler le territoire, se prépositionner en forêt pour, dès que l’alerte est donnée, être très rapidement sur les feux pour pouvoir les contrecarrer le plus tôt possible. Et c’est comme ça qu’on a une vraie stratégie, notamment avec du guet aérien armé qui peut être actif pendant l’été. C’est donc des des Dash ou des Canadairs qui sont en guets pour pouvoir déjà être en l’air, pour pouvoir rapidement arriver sur tous les petits départs de feu avant qu’ils deviennent gros et au sol avec les pompiers, mais également bon nombre de forestiers. Et c’est aussi une des activités de l’Office National des Forêts d’être présent sur le terrain avec des patrouilles armées. Donc les patrouilles armées sont chez nous, des patrouilles avec un kit hydraulique armé de 6 à 700 litres d’eau à l’arrière où on maillent le territoire pour pouvoir justement être très rapidement sur place avec des petits véhicules. On a également dans le dispositif estival le fait d’avoir des patrouilles, cette fois de surveillance de la réglementation. On revient sur la thématique diminution du nombre de départs de feu, comment diminue le nombre de départs de feu et avec une réglementation qui se retrouve à interdire certains actes, notamment faire des barbecues ou fumer en forêt et apporter tout type de feu en forêt et des personnes qui contrôlent cette réglementation? C’est le cas des gendarmes, mais c’est le cas aussi, donc des agents forestiers de l’ONF. Donc voilà, donc sur la stratégie nationale qu’on peut avoir en place aujourd’hui, c’est véritablement une priorité à l’attaque des feux naissants et des actes de prévention sur le terrain qui visent à diminuer le nombre de départs de feux, limiter les surfaces parcourues par certains équipements.

00:32:22

Sébastien: Et bien c’est très clair. Le gouvernement, dans sa conférence de presse, a aussi expliqué que le risque incendie sera évalué quotidiennement par différents services. Donc, si j’ai bien retenu, ce sera Météo-France, l’ONF, les services d’incendie et de secours et l’ARDFCI. C’est l’Association Régionale de Défense de la Forêt contre les Incendies. Est ce que tu peux nous expliquer, enfin si tu le sais du moins, comment sont évalués ces risques, quels sont les outils qui sont ou qui vont être utilisés pour. Pour pour évaluer ces risques, les indicateurs d’évaluation, etc. Et puis j’aurai une deuxième, j’aurai une deuxième question, c’est comment vous arrivez à collaborer toutes ces institutions ensemble? Parce que on sait qu’en France la collaboration interinstitution elle est parfois pas facile. Est ce que vous avez des outils? Est ce que. Je sais pas moi, Il y a peut être un comité de pilotage ou quelque chose. Enfin, est ce que tu peux nous donner un petit peu l’envers du décor de ce système?

00:33:25

Christophe CHANTEPY: Alors sur sur le volet information par rapport aux risques incendie, en fait c’est le danger incendie qui est évalué quotidiennement par Météo France. Donc donc en fait, Météo France se base sur un ensemble de critères. C’est le volet pluie, humidité, force du vent. Mais elle prend en compte également la topographie, le type de végétation. Pour au quotidien se retrouver à zoner le territoire pour mettre des indices de risques ou plutôt de danger sur sur les niveaux par rapport aux feux de forêt. L’ONF, de son côté, réalise un suivi au niveau du stress hydrique de la végétation qui permet d affiner les données de Météo France. Et à la fin, on a des cartographies qui sont assez fines pour permettre aux pompiers et à tous les autres organismes en charge de la surveillance des massifs, de disposer de données assez fiables pour pouvoir dimensionner et localiser les fameux dispositifs préventifs qu’on a évoqué tout à l’heure. C’est grâce à ces cartes assez fines qu’on a la possibilité de savoir que, et bien sur tel territoire, on a un risque qui est supplémentaire par rapport à un départ de feu et que on va essayer de sensibiliser les gens, de surveiller et d être présent sur ces territoires pour contrecarrer rapidement un départ de feu si jamais il avait lieu. A savoir qu’à compter de 2023, ces données météo, elles vont être agglomérées au niveau départemental et seront mises à disposition du public dans ce qui va s’appeler la météo des forêts dont l’objectif, c’est la sensibilisation et l’acculturation aux risques de l’ensemble de la population. Donc on a vraiment donc Météo France qui en fer de lance sur ce sujet là, avec une paire de partenaires qui arrivent à apporter des données supplémentaires sur le niveau de sécheresse de la végétation. Et puis après l’ensemble des partenaires qui peut utiliser toutes ces données là. Et pour rebondir sur le volet travail collaboratif au sens large, au delà même du volet météo. La prévention contre les incendies, la défense des forêts contre l’incendie, c’est un sujet éminemment partenarial entre les préfectures, les SDIS, les conseils départementaux, l’ONF, Météo-France, l’Office français de la biodiversité, l’association régionale de DFCI pour le Massif aquitain où tous ensemble, on travaille tous dans le même objectif, c’est toujours avoir le moins de départs possible et le moins de surface parcourue. Donc beaucoup de travail collaboratif se font pour pouvoir être complémentaires les uns des autres. Le meilleur exemple, c’est bien la surveillance des massifs. Aujourd’hui, l’ONF est un acteur majeur de la surveillance des massifs, mais c’est pas le seul. On a bon nombre de départements où on a des comités communaux, feux de forêts qui se sont mis en place pour faire de la surveillance et de la sensibilisation. On a les forestiers sapeurs des conseils départementaux quand ils existent, qui sont là également pour faire de la sensibilisation et de l’accompagnement. On a l’ARDFCI qui, sur le massif Aquitain, se retrouve à être très présente également sur le terrain pour faire ces travaux là. Et le but c’est véritablement de pouvoir travailler ensemble sur un sujet et de tous tirer dans le même sens.

00:36:45

Sébastien: C’est génial! Merci de ta réponse encore. C’est très c’est très clair et ça nous permet dans d’y voir un peu plus clair dans tout ça. On a parlé des conséquences, des causes d’incendie, on a parlé, on a évoqué un peu de prévention, on a parlé de la conduite à tenir en cas d’incendie. Je voulais qu’on termine sur le reboisement des forêts après l’incendie et qu’on profite de ton expertise pour en parle. Lorsque la forêt est partie en fumée, sa reconstruction, son reboisement, est ce qu’on a une idée du coût de reboisement d’un hectare de forêt par exemple? J’ai pris un hectare au hasard, mais vous avez peut être d’autres d’autres indicateurs, je ne sais pas.

00:37:30

Christophe CHANTEPY: Alors en fait, le reboisement, la replantation, c’est pas une fin en soi après l’incendie. La plupart du temps, la nature fait très bien le travail elle même par régénération naturelle. La nature a horreur du vide et donc en fait, on se retrouve à avoir assez facilement une végétation naturelle qui ressemble souvent à la végétation, qui est partie, qui va pouvoir se réinstaller. Et ce n’est que quand on a véritablement un déficit de régénérer. Surnaturel ou quand on veut changer le type de peuplement ou que ça, on se retrouve à avoir une essence qui, qui était mal adaptée avec le changement climatique qu’on souhaiterait pouvoir adapter un petit peu mieux, qu’on pourrait avoir recours à la replantation. Donc, notamment à l’ON, c”est véritablement quelque chose qui se mesure avec parcimonie et vraiment site après site. Et concernant coût bah celui-ci, il est quand même très variable en fonction du besoin de nettoiement de la parcelle qui a été incendiée, de la topographie du terrain, des essences qu’on souhaite reboiser, mettre en reboisement si on souhaite reboiser, de la nécessité de protéger les jeunes plants de la dent des cervidés par exemple. Donc c’est assez difficile de donner un coup, un coup à l’hectare. Mais ce qui est sûr, c’est que voilà, chaque hectare qui brûle, c’est plusieurs milliers d’euros de reconstitution qui sont nécessaires, soit par un simple accompagnement à la reconstitution naturelle, soit et la ,on se retrouve à avoir des chiffres qui sont plus importants quand on a véritablement un reboiser, à nettoyer un terrain à protéger contre les les chevreuils, tel et tel type de plantation, ça peut effectivement arriver à coûter et a coûter cher. Mais le vrai coût de l’incendie il est pas vraiment dans le reboisement, il est beaucoup aussi dans la la perte de bon nombre de rôles que peuvent jouer la forêt qui disparaissent au moins un temps donné par l’incendie. C’est le rôle de de limitation dans l’écoulement des eaux pluviales qui peu après quand la forêt n’est plus là, favoriser des décrue torrentielle, c’est le rôle de stockage de carbone qui est perdu par la forêt avec le carbone qui libéré. C’est les préjudices écologiques par rapport à l’ensemble des animaux et plantes végétales qui peuvent être passés sous les flammes. Donc voilà le le coup véritablement des incendies Il va souvent au delà du simple reboisement qui surtout au niveau du reboisement aujourd hui, notamment avec les conditions climatiques actuelles, c’est assez difficile de faire d’avoir des réussites correcte de plantation et en plus préfèrent très souvent quand même quand cela est possible, la régénération naturelle.

00:40:24

Sébastien: Et alors du coup, ça prend combien de temps pour reboiser une forêt brûlée? Alors tu vas me dire aussi que ça va dépendre de la surface de plein de choses comme ça? Mais. Mais grosso modo, parce que voilà, on se doute bien qu’une forêt qui a brûlé. Elle ne va pas se reboiser, repousser en une semaine quoi.

00:40:45

Christophe CHANTEPY: Non, voilà, c’est sur, c’est forcément à des échéances de plusieurs années qu’il faut qu’il faut réagir. En quelque sorte une fois que la forêt été incendiée, on va quasiment toujours attendre 1 à 2 années déjà pour voir qu’est ce qui peut commencer à revenir, c’est à dire quelle végétation vient s’installer et notamment la végétation arborée. Elle va pouvoir commencer à s installer tout doucettement avec des semis mais ou avec des plantations dans les 2 à 3 années qui suivent. Mais par contre, ça veut dire que là, on commence à avoir quelques semis qui s’installent. Une forêt installée, c’est plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années qui d’installation de semis pour être sûr de se retrouver à avoir une forêt qui reparte sur de bons rails. Donc voilà, l’échéance pour dire qu’une forêt repart bien sera plutôt entre cinq et dix ans quand c’est pas plus. Et si la question c’est de savoir quand est ce qu’on va retrouver une une forêt à l’identique de celle qu’on a perdu par l’incendie? Là, le chiffre, c’est plusieurs décennies. Concrètement, si la forêt qu’a brûlé, c’était une forêt avec des chênes de 70 ans, eh bien il faudra au moins 70 ans pour retrouver à avoir la même forêt. Donc la l’incendie va dans tous les cas au minimum réinitialiser le peuplement. Donc si on veut retrouver la forêt qui a disparu, il faudra attendre au moins autant de temps que l’âge de la forêt qui a disparu. Ça, c’est un des principes qui fait que le feu a des conséquences très notables sur la forêt. Parce que quand on a des forêts un peu anciennes qui sont brûlées, on perd plusieurs décennies, voire des fois plusieurs siècles de vie écologique, notamment au sein de ces forêts là. Et quand on a une reconstitution, quand bien même celle là se passe bien par régénération naturelle, on repart à un stade de base.

00:42:55

Sébastien: Eh bien merci Christophe. On espère du coup que cette année sera. Moins dramatique que celle de l’année dernière, voire beaucoup moins. C’est tout ce qu’on peut souhaiter je crois. Un grand merci d’être venu répondre à mes questions et d’avoir partagé ton expertise sur les feux de forêts. Comme il est coutume dans le podcast. Je vais te laisser le mot de la fin.

00:43:18

Christophe CHANTEPY: Ben merci bien pour l’invitation et… Bah le mot de la fin ce serait plutôt un message d’espoir sur le fait de dire que oui, avec le changement climatique, les conditions font que la forêt notamment. Mais bon nombre d espaces tato se retrouvent à être plus fragiles et donc des fois plus propices à la propagation des feux. Par contre, là où on a véritablement un avantage et une carte à jouer et où on n’est pas passif et où on peut être actif, c’est que le feu de forêt, il arrive pas tout seul ou très rarement avec les orages. Ça veut donc dire que on a la possibilité de réduire le nombre d’éclosion de feux en ayant des comportements responsables et en essayant de limiter autant que faire se peut et bien tous les départs accidentels qui aujourd’hui représente plus de la moitié des départs de feu qu’on peut avoir. Donc on a la main véritablement pour pouvoir diminuer le nombre de départs de feu. Et on peut, on a la main aussi pour limiter la propagation et l’importance des dégâts des feux qui auraient quand même démarré notamment avec l’aménagement du territoire. Les équipements de défense de la forêt contre l’incendie et les obligations légales de débroussaillement qui, quand elles sont bien réalisées, permettent de protéger à la fois les habitations, à la fois les départs de feu vers la forêt et permettent de sécuriser l’intervention des pompiers. Parce que le feu de forêt grandissant en terme géographique sur le territoire et en termes temporels dans l’année, les sapeurs pompiers ne pourront pas être derrière chaque habitation pour les protéger. Donc c’est une autoprotection que de débroussailler ses habitations. Et c’est également donc une conscience civique que de faire attention à chaque usage du feu ou à chaque acte qui pourrait générer un départ de feu, notamment durant la période estivale. Mais pas que. On a les moyens ensemble de véritablement diminuer les sources de départ de feu et de réduire l’impact des incendies quand ils ont lieu. Et donc ça c’est plutôt une une note positive par rapport à bon nombre d’autres risques naturels sur lesquels et bah malheureusement on est beaucoup plus passif. Là on peut être actif et on est en partie responsable des actes qui qui peuvent générer les départs de feu et donc les contrecarrer.

00:45:56

Sébastien: Eh bien voilà, je crois que la messe est dite. Encore merci Christophe et puis à très bientôt.

00:46:02

Christophe CHANTEPY: Eh ben de rien! Merci, merci à toi.

00:46:04

Sound design: musique

00:46:10

Sébastien: Voilà, cet épisode touche à sa fin. Je voudrais faire deux mea culpa pour finir. Le premier, c’est sur les chiffres que j’ai donnés en introduction. Christophe m’a gentiment repris en off en m’indiquant que les forêts françaises ne représentaient pas tout à fait un quart du territoire, mais plutôt 30 31 %. Alors voilà qui est corrigé. Ensuite, lors du montage de cet épisode, je me suis rendu compte de l’angle un peu capitaliste de mes dernières questions. Alors c’est assumé, bien sûr, parce que malheureusement, le côté économique est le meilleur moyen de sensibiliser aujourd’hui, et c’était surtout là le but de ce podcast : nous sensibiliser. Mais Christophe nous l’a bien démontré au delà de l’économie, ce sont les préjudices écologiques et environnementaux auxquels nous devons être sensibles. L’écologie et l’environnement ne font ils pas notre santé aussi? Bref, soyons tous acteurs de notre sécurité et faisons en sorte de faire mentir les prévisionnistes sur cette saison de feux de forêt qui a déjà commencé. Soyons acteurs de notre sécurité. Ça ferait même un beau slogan pour ce podcast, vous ne trouvez pas? Et d’ailleurs, vous, est ce que vous êtes acteur de votre sécurité? Pensez vous avoir les bons comportements pour éviter le feu de forêt? Je vais profiter de cette nouvelle fonctionnalité que nous offre Spotify pour vous proposer ce sondage. Si vous êtes utilisateur de cette plateforme, n’hésitez pas à y répondre. Vous pouvez aussi mettre des étoiles ou un commentaire, ça nous aidera beaucoup et ça nous fera super plaisir. Sur ce, je vous souhaite une belle journée. Prenez soin de nos forêts et surtout prenez soin de vous.

00:47:46

Sound design: musique

Ressources :

Ministère de l’Intérieur : Lutte contre les feux de forêt : protéger les populations, les biens et l’environnement | Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer (interieur.gouv.fr) 

Conférence de Presse du Ministère de l’Intérieur d’Avril 2023 sur les feux de foret :

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