EP31 - LA COLLABORATION AVEC L'IPA EN MEDECINE GENERALE

La collaboration avec l’IPA en médecine générale

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Sébastien: Bonjour et bienvenue sur le podcast Santé et sécurité. Notre dernier épisode était un reportage sur les IPA, les infirmiers en pratique avancée. Si vous ne l’avez pas encore entendu, foncez l’écouter car ce nouvel épisode en est en fait la suite. L’objectif de cet épisode 30, c’était de vous présenter ce nouveau métier avec ses bénéfices et ses difficultés du point de vue infirmier. Le job du’IPA, vous l’aurez compris, c’est un métier de collaboration. L’infirmier en pratiques avancées, c’est un professionnel de santé qui travaille en équipe. Et je ne pouvais pas clôturer ce reportage, surtout dans le contexte actuel, sans donner la parole à l’autre partie de ce type de collaboration, à savoir les médecins. Je suis donc allé interroger deux médecins généralistes qui collaborent avec des IPA pour leur demander leur point de vue sur cette collaboration, pour leur demander de nous expliquer leur mode d’exercice avec l’IPA et enfin leur retour d’expérience sur cette nouvelle compétence au sein de leur pratique de médecine générale. Je vous souhaite une bonne écoute.

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Nicolas: Je m’appelle Nicolas. Je suis médecin généraliste installé depuis trois ans, donc juste avant le Covid à Thorigny sur Marne dans le 77, la Seine et Marne, pas très loin de chez Mickey. Je suis aussi maître de stage universitaire donc j’accueille des des étudiants en médecine de cinquième année donc des externes et des internes en fin de cursus, ceux qui sont dans leur deuxième stage de médecine générale. Donc vraiment en toute fin avant de de se lancer tout seul. Je suis aussi engagé dans une CPTS, donc une communauté professionnelle territoriale de santé donc qui est l’échelon au dessus de la maison de santé, c’est à dire à l’échelle d’un territoire, des fois un canton, des fois plus large, un canton, et donc qui permet d’organiser aussi des des soins et des prises en charge à l’échelle d’un territoire un peu plus large, de s’organiser entre soignants. C’est par exemple les CPTS qui ont organisé souvent des des centres de vaccination pour le covid pour donner un exemple de ce que ça peut faire de CPTS. Et récemment engagés aussi dans dans l’Alliance santé planétaire. Donc qui est une association qui élargit un petit peu le. La santé à la santé, c’est aussi notre environnement, ce avec quoi on interagit, la pollution, l’eau, la nourriture. Et donc je donne aussi du sens à mon métier à travers ça. Je suis installé en maison de santé pluridisciplinaire, donc MSP, avec donc plusieurs médecins. On est six médecins avec des infirmières libérales, avec une podologue, avec une infirmière azalée, donc infirmière de santé publique et récemment une infirmière en pratique avancée.

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Fabien: Alors pour me présenter, je suis Fabien Rougerie. Je suis médecin généraliste installé dans le Bas-Rhin depuis plus de 20 ans, dans un cabinet de groupe en campagne, un cabinet groupe. C’est une forme d’association qui n’est pas une maison de santé pluri professionnelle. C’est souvent des médecins de la même spécialité qui se sont regroupés sous forme de sociétés civiles, de moyens pour exercer ensemble et partager les frais.

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Nicolas: Donc le choix de travailler avec une IPA, finalement, ça s’est fait en groupe avec avec la MSP, avec mes collègues médecins principalement. Alors je dirais qu’à titre personnel, je ne l’ai pas vraiment choisi, mais pas dans un sens mauvais, comme si on me l’avait imposé dans un sens que je suis arrivée dans une équipe qui se posait déjà des questions sur collaborer et travailler en interpro. Et je suis arrivé comme un cheveu sur la soupe et donc j’ai pris le bus en cours. On a participé à la formation de deux IPA, c’est à dire que les IPA, pour l’instant en tout cas, viennent en stage en médecine générale avec des médecins généralistes. Et donc on a participé à la formation d’une première IPA en 2021 je dirais qui bon ensuite a déménagé et est parti donc s’est pas installé avec nous. Et puis la deuxième plus récemment là en sur 2022 a fait son stage de six mois avec nous, donc avec quatre des médecins d’entre nous et s’est installée dans la maison de santé avec nous. Donc ça s’est fait assez naturellement pour moi puisque j’ai suivi l’équipe et que ça m’allait très bien. Voilà.

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Fabien: J’ai été contacté par les enseignants de la première promotion de, d’IPA à Strasbourg pour être terrain de stage et on m’a proposé donc d’accueillir une IPA qui était donc formée en cours de formation pour sa spécialité pathologies chroniques. Et j’ai accepté d’être terrain de stage, ce qui m’a permis de passer deux mois avec sept avec cette IPA pour échanger non seulement sur l’examen clinique, mais aussi la médecine générale qu’elle découvrait et la façon d’utiliser les dossiers des patients. Alors une fois que j’ai été terrain de stage, c’est vrai que ça m’a donné envie de développer cette cet exercice parce que j’ai rapidement compris la valeur ajoutée que pouvait représenter un IPA dans un dans un cabinet de médecine générale avec tout le background activité physique, alimentation, toute la culture infirmière que nous on a, on a beaucoup moins. Ça a vraiment été un plus pour pour les patients lors de ce stage et je me suis dit que ce serait vraiment bien de pouvoir prolonger cette cette expérience.

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Nicolas: Alors le mode d’exercice avec l’IPA on. On travaille chacun de notre côté, c’est à dire que chacun fait ses consultations. Ça, c’est un peu le principe. Donc comme on est quand même quatre médecins, donc associés, et puis les deux remplaçantes, ça fait un gros recrutement de patients potentiellement. Donc déjà, pour les patients qu’on suivait déjà, et ben c’est finalement on lui adresse des patients qui sont éligibles pour son suivi, c’est à dire des patients qui ont des pathologies chroniques équilibrées. Ça peut être des patients diabétiques, ça peut être des patients avec des coronaropathie, donc des maladies cardio vasculaires, de l’asthme, des maladies neurodégénératives, bref plein de pathologies chroniques, c’est à dire qui s’étalent dans le temps. Et elle est capable de les suivre comme nous. Donc ça permet de déléguer certaines prises en charge, par exemple des patients. Il y a des patients qui sont juste hypertendus, donc qui ont une hypertension, qui ont un traitement. Pour ça que je voyais déjà une fois par an en fait, parce que c’était équilibré, que l’éducation thérapeutique avait déjà été faite. Donc c’était en vitesse de roulement. C’est des patients que je vois une fois par an, en dehors de pathologies aiguës pour lesquels ils pourraient reconsulter. Mais pour leurs pathologies chroniques, ils venaient une fois par an. Là, c’était des personnes que du coup, l’infirmière de pratique peu voir à ma place. Alors l’idée c’est quand même de garder un œil sur le suivi. C’est à dire que le grand intérêt de mon métier de médecin généraliste en tant que médecin traitant, c’est aussi de connaître les gens. Donc il faut quand même que je puisse les voir de temps en temps. Donc on alterne. L’idée, c’est de se dire qu’on ne passe pas plus d’un an et demi sans, sans voir, sans voir un patient pour quand même garder une vision sur la prise en charge, l’évolution et tout ça. Donc voilà pour les patients déjà suivis, et puis pour les les nouveaux patients, parce que l’idée c’était aussi ça quand on a quand on a fait appel à une IPA, enfin quand on a choisi de collaborer avec une IPA, c’était aussi de se dire qu’on pourrait accueillir de nouveaux patients, ce qu’on faisait, enfin ce qu’on faisait au compte goutte en fonction de nos capacités, sans trop allonger les délais de consultation. Donc l’idée c’est de pouvoir accueillir des nouveaux patients. Donc on a mis en place en fait un questionnaire pour les patients qui demanderaient à avoir un médecin traitant dans la MSP qui nous permet d’identifier directement avec les réponses les patients qui seraient éligibles d’emblée avec pour un suivi IPA et comme ça on peut les accueillir dans nos patientèles. Donc on devient médecin traitant de de ces nouveaux patients. Mais d’emblée ils sont informés que le suivi tant que tant que ça reste équilibré, enfin tant que ça reste dans les clous de du rayon d’action d’une IPA, et ben c’est l’IPA qui prendra en charge ce suivi. Donc ça nous permet de porter une réponse à la population du territoire en les accueillant. Alors qu’avant on aurait pu dire non parce que ben là on a trop de délais de consultations. Donc voilà les deux, les deux enjeux aux nouveaux patients anciens patients et et on essaye de trouver un équilibre comme ça dans nos pratiques.

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Fabien: Nous, nous collaborons depuis septembre 2022, donc bientôt six mois et nous nous organisons de la manière suivante. C’est qu’elle fait un mi temps les lundis, mardi matin, vendredi et elle fait des visites à domicile pendant que je suis en consultation et elle consulte pendant que je fais des visites à domicile. On partage le bureau. On essaie de répartir les contacts avec les patients en respectant d’abord le souhait des patients. Il y a des patients qui se sentent très bien avec avec l’IPA et qui ne souhaitent finalement voir le médecin que de manière tout à fait ponctuelle. Et puis il y a des patients qui expriment le souhait d’être vus une fois sur deux ou une fois sur trois par par le médecin. Donc c’est vraiment à la demande, à la demande des patients et pas du tout imposé. Ça s’est fait de manière très naturelle parce que pendant le stage, il y avait déjà un temps de présentation et ensuite quand nous avons travaillé ensemble à partir de septembre, il y a eu simplement besoin de repréciser le fonctionnement entre l’hyper moi et moi auprès des patients. Et ça s’est fait de manière vraiment très, très naturelle.

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Nicolas: Le retour d’expérience. Alors pour moi, il est relativement court sur notre collègue IPA installer. Alors on a eu deux fois six mois de stage comme je disais tout à l’heure. Donc sur la collaboration avec une IPA de façon générique, ça me fait un petit peu l’expérience mais avec notre IPA, elle est installée depuis le mois d’octobre donc ça fait un peu moins de six mois. C’est donc le retour d’expérience. C’est. C’est super cool. Déjà, c’est cool d’accueillir des nouveaux professionnels dans la maison de santé. C’est cool d’avoir des gens motivés. Je pense que travailler, quel que soit le travail finalement, c’est aussi prendre plaisir à aller travailler et avoir des nouveaux, des gens motivés. C’est stimulant, c’est ça amène des nouveaux challenges, ça amène des nouvelles réponses aussi. Je pense que ça a du sens, tant pour nous aussi que pour les patients qu’on prend en charge parce que on y voit de nouveaux professionnels. Ils voient qu’on cherche des solutions aussi, qu’on reste pas figé dans une pratique comme c’était avant et comme ça a toujours été, bien non, on évolue, nos métiers évoluent, la société évolue et donc on est contents d’évoluer aussi.

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Nicolas: Donc donc plutôt très positif. Après j’ai pas encore eu beaucoup de de de temps d’expérience, donc il y aura peut être d’autres réponses qui viendront après. Mais sur les freins en tout cas, on peut évoquer les locaux. Je pense que c’est un des gros enjeux, c’est c’est le modèle économique. Donc je crois que vous en avez déjà parlé, Mais la rémunération des IPA, c’est une vraie question parce qu’il faut comme tout le monde pouvoir payer son loyer. Donc il faut des collectivités qui soient ok avec l’idée que les loyers sont pas forcément ceux du marché parce que ben c’est trop cher parfois, surtout en Ile de France, donc c’est un vrai enjeu et ça c’est quelque chose qu’on essaye de faire passer aussi avec les CPTS auprès des des collectivités, c’est qu’on a besoin d’aide pour. Ça peut pas reposer que sur le médecin qui s’installe, qui devrait avoir une assistante médicale ou un assistant médical, qui devrait avoir une infirmière, azalée qui devrait avoir une infirmière de pratique avancée et puis tout, tous ces loyers seraient à payer par l’activité de médecine générale. C’est difficile. Donc il y a. Il y a un vrai frein là dessus, il y a un vrai, une vraie réflexion là dessus, en tout cas, sur notre territoire, on essaie de faire passer ce message qu’on a besoin d’être soutenus là dessus. L’autre frein, c’est bien sûr la confiance, c’est évident. Mais comme finalement tout membre de cette équipe de soins, on ne peut pas travailler avec n’importe qui. Donc c’est pour ça que pour nous, ça avait du sens de d’accueillir dans notre MSP une personne qu’on avait formée puisque ça a permis pendant six mois de de voir comment cette personne travaillait et puis aussi de qu’elle s’inspire de notre façon de travailler et qu’on voit si c’était compatible. Et donc à la fin de travailler ensemble puisqu’on a puisqu’on a déjà collaboré ensemble pendant son temps de formation. L’idée c’est aussi de poursuivre ce temps de formation en continu, c’est à dire que l’idée serait pas d’être chacun de notre côté et de d’évoluer avec nos lectures, nos formations, nos connaissances et donc de finalement de s’écarter puisqu’on va prendre en charge des patients de façon commune. L’idée c’est quand même de rester un peu connectés sur les pratiques et donc c’est forcément un temps d’échange nécessaire régulièrement sur comment on prend en charge tel patient, comment toi tu fais et surtout comment tu fais à l’échelle de ton territoire. Parce que ce n’est pas toujours la même réponse selon les… Les réponses qu’on peut avoir sur un territoire en termes de de plateaux techniques de, de spécialistes, de professionnels de santé. Il faut apprendre à se connaître et et à collaborer. Et puis un des un des gains de cette collaboration, c’est l’enrichissement personnel. C’est toujours chercher des à évoluer, à se lancer des nouveaux défis, des nouvelles réponses. Voilà. Et la pratique avec l’IPA permet aussi une bonne complémentarité. C’est à dire que on a chacun nos parcours. Moi je suis médecin généraliste, elle est IPA, elle a été infirmière libérale avant, donc elle a eu toutes ces expériences dans des services hospitaliers et donc chacun a son expérience, chacun a son vécu et comme tout soignant, ça compte énormément bien sûr. Et donc autour d’une prise en charge, c’est aussi intéressant d’avoir des personnes qui ont un regard différent, qui ont une expérience différente, qui ont les connaissances différentes. Et puis c’est aussi. Des fois très rassurant en fait de savoir que ce patient on est pas tout seul dans la prise en charge, il y a aussi un autre regard. Alors c’est pas c’est pas un confrère au sens au sens consacré mais. Mais c’est quand même quelqu’un qui va avoir un regard plus ou moins médical, en tout cas de pratiques avancées et donc un regard assez assez technique sur sur un patient, une patiente, sur une problématique. Et donc des fois c’est rassurant de se dire que bon, toi, qu’est ce que t’en penses? Comment? Comment tu te sens avec ce patient? J’ai essayé ça, ça marche pas. Qu’est ce que tu fais? Enfin un comment? Voilà, c’est aussi intéressant de pouvoir enrichir sa réflexion et de ne pas. Des fois on se sent enfermé quand on est tout seul à prendre en charge un patient, on sait plus quoi faire, on croit avoir tout essayé. Et puis avoir un regard nouveau, c’est aussi trouver des nouvelles réponses.

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Fabien: L’apport pour les pour les patients, c’est avant tout le temps consacré à être avec eux. Et ça m’a permis d’avoir un abord beaucoup plus systématique dans les dossiers. Parce que les consultations avec l’IPA, et bien c’est 1 h. Et du coup, l’Etat a permis de relever, je ne veux pas dire des incohérences, mais en tout cas des choses à faire qui n’avaient pas pu être faites faute de temps, comme par exemple checker la vaccination anti pneumococcique chez les patients diabétiques. Et puis l’autre apport, c’est le temps passé à explorer des problèmes comme par exemple l’observance, la qualité de la prise médicamenteuse. J’ai eu énormément de patients ou où je m’expliquais mal pourquoi est ce que ça fonctionnait et pas bien ce que je prescrivait. Et en fait, c’est seulement au bout d’un entretien assez long avec l’IPA que finalement est sortie l’info que ben les médicaments, ils étaient pas pris. Et puis il y a tout cet tout cet apport, activité physique et et alimentation qui est quand même très important et qu’on n’a pas le temps de développer dans une consultation de médecine générale.

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Fabien: Compte tenu du statut particulier qu’a l’IPA dans dans mon cabinet, le frein principal, il est, il est financier. Actuellement, cette IPA travaille avec un statut d’assistance médicale de luxe puisque je la laisse travailler comme une IPA et je bénéficie du coup d’un sponsoring de la part de l’assurance maladie pour pouvoir l’employer. Maintenant, si elle devait s’installer à titre libéral, je pense que le modèle économique serait beaucoup plus difficile à faire tenir, parce que les rémunérations proposée à l’IPA par l’assurance maladie permettraient probablement pas de pouvoir payer, par exemple, un loyer dans un cabinet médical ou quelque chose comme ça. Ça a été complètement validé par la Sécu parce que, en fait, aucun texte ne précise quelle est la le pour centage de l’activité d’un assistant médical. Ça peut aller simplement de je pèse et je mesure un patient et j’ouvre le dossier. Ah eh bien je fais tout. Et puis le médecin signe. Euh oui, je ne saurais pas quoi dire de plus. Peut être l’apport dans les dans les situations gériatriques complexes. La valeur ajoutée de l’IPA, dans ce cas là, elle est d’avoir un rôle absolument central avec le patient et sa famille. On va dire de coordination entre les différents acteurs autour autour du patient âgé, complexe. L’IPA connaît très bien le métier d’infirmier. Il sait parfaitement ce que peuvent faire les infirmiers, ce que peuvent faire un SIDPA, pas un service d’aide à la personne avec des aides soignants, ce qu’on peut demander à une auxiliaire de vie. Il connaît mieux que moi les structures gériatriques, par exemple accueils de jour, hôpitaux de jour du secteur. Et c’est pratiquement aussi un travail de gestionnaire de cas pour les situations, on va dire épineuses. L’accompagnement, il est beaucoup plus faisable quand on a moins de situations. Nous on a beaucoup trop de situations pour pouvoir accompagner chaque situation comme il le faudrait.

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Nicolas: Quand on. Quand on parle des. Quand on parle des IPA à nos patients, surtout pour les patients qu’on suivait déjà et pour qui on dit… Enfin ce qu’ils vivent eux, c’est oh là là, le docteur, il ne veut plus me suivre, il ne veut plus de moi. Bon, c’est pas du tout ça bien sûr. Et donc on essaie de leur expliquer l’intérêt que ça a pour nous. Donc c’est un intérêt déjà collectif à l’échelle de la population qu’on prend en charge et de notre patientèle. C’est l’intérêt de pouvoir accueillir de nouveaux patients, donc pouvoir donner une réponse à des gens qui n’ont plus de suivi, soit parce qu’ils viennent d’emménager dans la commune, soit parce que leur médecin est parti en retraite. Peu importe. Mais voilà, c’est de pouvoir apporter une réponse à de nouvelles personnes et quand même, la plupart des gens y est assez sensible puisqu’ils pourraient se retrouver eux mêmes dans cette situation dans le futur. Donc il y a déjà cette réponse. Je pense que je leur parle aussi de la qualité de la personne qu’ils vont aller voir. C’est à dire certains l’ont déjà vu parce que quand elle était en stage, elle était déjà avec nous. Donc ça permet de tout de suite personnaliser ce que c’est qu’une IPA, mais c’est de de rassurer sur la qualité de la formation de la personne, la qualité de la pratique professionnelle de notre infirmière de pratique avancée. C’est. Aussi, comme je disais tout à l’heure, d’avoir une une une nouvelle réponse des fois à des problématiques qu’on n’arrive plus à prendre en charge, d’avoir un nouveau regard, une nouvelle prise en charge. Donc ça peut, ça peut les aider. Des fois je pense que les gens ont aussi des fois sans eux même qu’on est parfois dans une impasse tant relationnelle que médicale. Et donc ça peut être. Ça peut être pertinent de donner un nouveau départ à une prise en charge.

00:25:05
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00:25:15
Fabien: Moi j’ai envie de répondre face à ça que j’apprends beaucoup plus. En un échange de dix minutes avec l’IPA sur une visite à domicile qui a duré 1 h, que si moi même je me déplace pour aller vérifier la prise médicamenteuse, regarder dans la pharmacie du couple de personnes âgées, regarder dans le frigo comment se passe l’alimentation, vérifier que les plats qui vous sont apportés par le traiteur ne finissent pas sur la terrasse mangée par les chats du quartier. C’est des choses. Je suis persuadée que c’est intéressant de le faire soi même, mais en même temps, les conditions d’exercice aujourd’hui, elles permettent pas de faire ça avec chaque patient. Alors que un professionnel de santé qui est tout à fait rompu à l’exercice d’une évaluation cognitive globale, d’une évaluation nutritionnelle, d’un regard quasiment d’un ergothérapeute sur un domicile parce que infirmier ayant pratiqué des soins à domicile, et bien du coup ce retour, je pense que c’est une vraie valeur ajoutée et j’ai pas du tout l’impression de perdre de vue mes patients. Il faut simplement accepter l’idée qu’on peut être mis au courant par une synthèse, par une personne en qui on a entièrement confiance et que c’est quand même au bénéfice des patients. Moi je constate depuis que je travaille avec l’IPA que le lien il est pas du tout rompu puisque je suis parfaitement au courant des péripéties qui ont pu avoir lieu dans l’intervalle où ils ont été vus par l’IPA. Et je suis tout aussi au courant de tout ce qui a pu arriver à ses patients, que je les ai vus directement ou indirectement.

00:27:41
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Nicolas: J’ai pas vraiment peur de que mon travail évolue vers un un travail de coordinateur. Déjà parce qu’il est il l’est quand même déjà en partie, on le sait, le rôle du médecin traitant que de coordonner les prises en charge. On ne fait pas que ça, mais c’est déjà une grosse partie de notre travail quand même. Parce que je pense que personne, ni les patients, ni ni les soignants ne ne pourront se passer du rôle du médecin traitant. En fait, au delà de la coordination, le lien humain, les connaissances, l’expertise qu’on a, donc peut être qu’on fera plus exactement comme on fait actuellement. Mais en même temps, tout métier évolue. Je pense que si c’est l’évolution qu’il faut avoir pour pouvoir apporter la réponse à toute la population, ben pourquoi pas. Si c’est la société qui est voulu comme ça, je pense qu’on ne peut pas, on ne veut pas freiner ça. Enfin, on ne peut pas en tout cas lutter complètement contre. Il faut aussi suivre le mouvement, c’est tout. Tout évolue et il faut suivre. En tout cas, j’ai pas peur. Je. Je connais la qualité de de ce qu’on fait comme travail. Je connais notre expertise. Je. Je suis sûr qu’on est peut être pas indispensables, mais en tout cas qu’on est important et que les patients n’ont pas envie de voir ça disparaître non plus. Tout comme tout comme les autres soignants. Je. Je ne crois pas que les les personnels paramédicaux et en particulier les IPA tiennent à nous faire disparaître. Je ne crois pas que toute personne qui a déjà eu à prendre des décisions sur une prise en charge s’est déjà sentie seule et s’est déjà senti démunie. Parce que. Parce qu’on ne sait pas des fois, parce qu’on panique, parce que. Enfin bref, on s’est déjà senti très seul dans les prises en charge et et. Et je pense que les IPA ne se verraient pas non plus être seuls dans une prise en charge, en tout cas chapeauter une prise en charge en termes de santé avec juste un coordinateur à côté. Et ça, ça n’a pas de sens fait. On a chacun notre expertise, on est complémentaires et et on a tous à apporter à l’autre. Donc j’ai pas peur de m’éloigner du soin du tout. J’ai pas vraiment peur de perdre le lien avec mes patients. Je. Je suis persuadée de cette histoire de complémentarité et donc que chacun a son domaine d’expertise qui. Ce qui fait que le. Il y aura toujours des situations dans lesquelles on aura besoin de revoir les patients, que ce soit des situations de santé physique, de santé psychique. Ce lien est il n’est pas indéfectible. En fait, je. Je ne crois pas que. Je ne crois pas qu’on puisse le perdre. Alors il y aura peut être un autre rapport au temps. C’est à dire que. Il y a des gens qu’on voit parfois mensuellement, ou très souvent en tout cas. Peut être que cette temporalité évoluera un petit peu, mais la connaissance des gens, on l’a aussi dans la durée. C’est à dire que quand on s’installe, qu’on est médecin traitant, moi, ça fait que trois ans, il y a des gens que je connais encore pas très bien parce que je les vois pas souvent, mais ce lien, ils se créent dans la durée. Donc en fait c’est plutôt ça qui crée le lien. C’est pas forcément de les voir tous les quatre matins, c’est c’est aussi d’être là dans son activité longtemps, c’est ça qui crée un lien. Et je crois que si on s’installe dans une équipe comme ça, on va être amené à revoir les patients. Alors c’est aussi les revoir dans d’autres contextes. Notre infirmière Azalée ça sort un peu du sujet des IPA, mais c’est un autre mode de collaboration. Anime des ateliers de jardinage, de de bien être, d’activité physique adaptées et on peut participer, nous en tant que soignants, quel que soit notre travail à ces ateliers aussi. Et ça donne une autre dimension à la prise en charge. C’est à dire qu’on est là en dehors du temps de la consultation pour un autre projet, mais qui s’intègre tout ça dans la prise en charge globale du patient. Donc on est toujours là et c’est aussi le but du travail en équipe, parce que je je ne peux concevoir le travail d’IPA comme de médecin généraliste qu’au sein d’une équipe. Et donc à partir du moment où on travaille en équipe, de toute façon, même si on devient coordinateur de prise en charge, on sera forcément impliqué dans le soin et peut être différemment, mais on sera forcément là, donc on sera toujours au contact des gens. Et et je crois même que le fait de collaborer, alors pas qu’avec l’IPA, mais avec les assistants médicaux, avec les infirmières, azalées, avec tout le monde, permet aussi justement de créer un lien différent justement et avec d’autres dimensions que celles qu’on attend avec juste la consultation.

00:32:32
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Fabien: Ben moi j’espère que ma façon de travailler avec l’IPA permette de pouvoir avoir une file active suffisamment importante pour l’IPA pour qu’elle puisse s’installer et voler de ses propres ailes et pouvoir bien continuer à travailler avec moi, mais avec un statut libéral, et puis qui soit suffisamment bien rémunéré pour qu’elle puisse avoir son local, son informatique et puis travailler comme n’importe quel professionnel de santé sur le secteur.

00:33:28
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00:33:38
Sébastien: Voilà, ce reportage sur les IPA touche à sa fin. J’espère que les différents points de vue de ce nouveau métier que vous aurez pu entendre, que ce soit ceux des infirmiers ou ceux des médecins, vous permettront de vous faire une idée de ce nouveau job. Que vous soyez patients ou professionnels de santé, je ne l’ai pas dit, ont intro, mais le tournage de ces quatre entretiens s’est fait quasiment simultanément et il n’y a pas eu de concertation entre Julien et Laurent, les infirmiers et Nicolas et Fabien, les deux médecins. C’était important pour moi d’avoir les témoignages de quatre professionnels de santé différents qui travaillent dans des territoires différents et donc avec potentiellement des points de vue qui auraient pu différer. Mon point de vue à moi sur le métier d’infirmier en pratique avancé, c’est que c’est un métier de collaboration qui s’inscrit dans un travail d’équipe. Je pense que ces nouvelles compétences d’IPA peuvent avoir beaucoup de bénéfices et de plus value, que ce soit pour les patients comme pour les soignants. Mais je pense aussi que ce mode d’exercice ne doit pas être imposé ni aux patients, ni aux professionnels de santé. S’agissant d’un travail d’équipe reposant sur des liens de confiance entre professionnels, mais aussi entre soignants et soignés, je pense que ce mode d’exercice ne peut exister que quand toutes les conditions sont réunies pour cela. Je pense que le ministère de la Santé et la Sécurité sociale doivent aussi faire évoluer cette profession, et notamment sur l’aspect économique qui, on l’a vu, est un frein majeur au développement de la pratique avancée. Si vous avez aimé ce reportage, n’hésitez pas à le partager et en parler autour de vous. Mettez des coeurs et des étoiles sur votre appli de podcasts, ça nous fera super plaisir et ça nous aidera beaucoup pour continuer à faire vivre ce podcast. Sur ce, je vous souhaite une très belle journée mais surtout prenez soin de vous.

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